Le
29 janvier au petit matin (5h30 heure locale, ce qui correspond à
0h 00 en France) nous arrivons à Bombay, le plus grand centre
industriel et commercial du pays. Dès notre arrivée, nous
savons déjà que nous passerons le moins de temps possible
ici, (ayant séjournés trop longtemps au Caire, nous avons
hâte de retrouver le calme de la campagne !). Le cargo village
(endroit ou nous devons récupérer nos vélos) n'étant
qu'à 2 kilomètres, nous restons devant l'aéroport
en attendant son ouverture. Vers 10 h 00 nous entrons dans le complexe,
pour n'en ressortir que 8 heures plus tard, rassurés (pas de
casse sur les vélos due au transport) et légèrement
fatigués après ces longues heures d'attentes. Après
remontage des VTTs, nous nous dirigeons vers le centre ville afin de
rapidement visiter la ville. Nous passons notre première nuit
dans un hôtel du quartier de Kolaba (où se concentrent
les hôtels les moins cher), moyennant 450 roupies (environ 9 Euros).
Le lendemain, nous visitons quelque peu la ville et nous rendons à
l'office du tourisme afin d'obtenir quelques informations sur le Rajasthan.
En effet, nous arrivons en Inde avec une carte très précise
mais pas de guide. Pour finir, nous trouvons un exemplaire quelque peu
usagé pour la modique somme de 600 roupies (environ 12 euros)
dans une "boutique" en plein air de livres d'occasions.

Le jour suivant, nous quittons Bombay (voir photos ci-dessus prises
à la sortie de Bombay; à droite les fameux auto-rickshaws
indien, et à gauche une vue d'ensemble d'une partie de Bombay):
Nous avons choisis de nous diriger vers Ahmedabad pour ensuite relier
Jaipur. Pour ce faire, nous suivons donc la route nationale N°8
pendant presque 600 kilomètres. Les premières journées
sont assez difficiles compte tenu de la chaleur (au plus froid de la
nuit, il fait environ 20°, et au plus chaud de la journée
un peu plus de 30°). De ce fait, nous modifions quelque peu notre
rythme de vie : nous nous levons un peu avant le lever du soleil et
parcourons l'essentiel des kilomètres de la journée dans
la matinée, ce qui nous laisse du temps libre aux heures les
plus chaudes pour effectuer diverses visites (ou encore pour faire la
sieste !). Puis, vers 16-17 heures, nous reprenons la route jusque 18-19
heures. Ici, les journées sont plutôt longues à
cette période de l'année: le soleil se lève vers
7h 30 et il ne fait pas nuit avant 18h 45. 
A Navagam (petit village au bord de la nationale 8 situé environ
à 320 km de Bombay), nous visitons et prenons un repas gargantuesque
(pour l'anecdote, à l'issue de ce repas, nous seront obligés
de faire une pause de 2 jours dans un hôtel du fait d'une diarrhée
carabinée de Benoît) au temple hindou Dada Bhagvan (voir
photo ci-dessus).
A Bharuch, nous admirons une superbe vue sur la Narmada (un des nombreux
cours d'eau qui sillonnent l'Inde) du haut de vieux remparts (voir photo
ci-dessus), puis nous visitons un temple hindi très ancien ayant
donné son nom à la ville.
A Baroda (ou Vadodara), après une visite rapide de la ville (musée,
parc, centre ville), nous rencontrons un Philippin dénommé
Ringo, étudiant en géographie à la faculté
de Baroda ; celui-ci nous fait alors visiter la faculté des beaux-arts
de la ville puis nous emmène dans son logement (sorte de chambre
universitaire) afin de nous reposer quelque peu. En fin d'après-midi,
nous décidons de nous éloigner de la ville afin de pouvoir
planter notre tente. En chemin, nous nous trouvons pris au beau milieu
d'une véritable parade. Nous apprenons alors qu'il s'agit d'un
mariage gujirati (autrement dit de l'état du Gujarat). Un des
convives proche du marié (dénommé Suraw) nous invite
alors a participer a la cérémonie. Aussi, laissons-nous
nos vélos et bagages chez lui, afin de pouvoir participer sans
soucis aux festivités. S'en suivra environ 2 heures d'une danse
frénétique avant d'arriver au temple où aura lieu
la cérémonie (ici, les mariages commencent en musique,
le marié étant escorté jusqu'au temple où
débute alors lieu la cérémonie proprement dite).
Durant la procession (entre 2 et 3 kilomètres parcourus), les
femmes et les hommes sont séparés (les femmes et les enfants
marchent à gauche de la route et les hommes à droite (côté
le plus dangereux du fait des voitures)). Chacun des "clans"
effectue des mouvements différents en fonction de l'évolution
de la musique. L'orchestre est composé d'une batterie (des tomes
seulement), de 2 cuivres (cors), de nombreux tambours et enfin de 2
chanteurs. Malheureusement, nous ne pouvons prendre de photos ni filmer
dans une telle agitation, par contre, nous avons pu discrètement
(micro dans le short et minidisc en poche) enregistrer une partie de
la musique de cette procession.
Pour
écouter un extrait de la musique des mariages Gujarati, cliquez
ici 
NB: au début de l'enregistrement, on peut entendre les explications
de Suraw sur cette musique (NB: il est un peu éméché
et s'est excusé de nombreuses fois de ne parler "fluent
English"). Après celles-ci, on entends une saute de son.
Celle-ci est due au fait que nous avons amplifié le début
du dialogue afin que l'on puisse mieux entendre les explications.
Arrivés
à Ahmedabad, nous passons alors 5 jours merveilleux et très
riches en découvertes grâce à notre hôte Dipak
L.Sutaria (voir photo ci-contre, prise depuis la terrasse de sa maison),
membre de l'association Servas tout comme nous (c'est une association
qui fut crée après la seconde guerre mondiale dans le
but de créer des liens de fraternité entre les peuples
(voir www.servas.fr). Il possède
sa propre agence de voyage et propose des circuits dans tout le pays,
sur des thèmes très variés. Pour plus d'informations,
voir son site internet : http://www.dipaktour.com.
Le
premier jour, nous commençons par la visite du temple Jaïn
Chintamani Parshwanath. Voici les détails du rituel pratiqué
par les jaïna lorsqu'ils pénètrent dans un temple:
Tout d'abord, ils retirent leurs chaussures, puis se font le Tilak (symbole
en forme de petite flamme pour les hommes et de rond pour les femmes)
sur le front précisément entre les 2 yeux, sur le point
appelé Agnachakra. En faisant ce dernier, ils émettent
le vu de suivre les principes énoncés par Le Paramatma
et à travers la Darshan (Foi) envers Le Paramatma, espèrent
ouvrir l'Agnachakra, point de pur savoir. L'étape suivante consiste
à joindre les 2 mains au niveau de la poitrine devant une statue
du Paramatma. Une fois entrés dans l'enceinte du temple, ils
appliquent avec l'annuaire de la poudre sur les 9 chakras d'une des
nombreuses statues de Paramatma (dans un ordre bien précis :
en commençant par les points situés sur les jambes, puis
ceux se trouvant sur les bras, ensuite ceux sur le visage, pour terminer
par ceux du corps), puis déposent quelques fleurs devant celle-ci.
Ce processus a pour nom "seva" ou encore "kesar-puja".
Une
fois entrés dans l'enceinte du temple, ils dessinent le "sathio"
(ou "sathiwo", voir photo ci-contre) avec des grains de riz
sacrés. On commence toujours par dessiner le Swastik, qui est
un emblème sacré dont les 4 branches représentent
les différentes conditions de l'existence, à savoir l'état
céleste, l'état humain, l'état animal et enfin
l'état correspondant à l'enfer. Ensuite il faut former
3 ronds au-dessus du Swastik. Ces derniers sont appelés les 3
"vertus": "Jnan" (Savoir), "Darshan" (Foi)
et "Charitra" (Personnalité). Enfin, on forme au-dessus
de celle-ci un croissant de lune (symbole du Siddhashila (paradis))
puis on exécute au sommet un dernier rond, symbolisant notre
âme. Par ce dessin, on exprime le vu d'être libéré
du cycle des réincarnations, afin d'accéder enfin au Siddhashila.
Les jours suivants, nous entamons une tournée des différentes
écoles de danse d'Ahmedabad. Au total, nous en visitons 6, toujours
grâce à notre ami Dipak, qui en plus d'arranger les rendez-vous
pour nous, nous accompagnera partout, nous servant d'interprète
(Gujirati-Anglais), ce qui facilite grandement notre travail de collecte...
Bref, il est vraiment incroyable et nous le remercions de tout cur
pour tout ce qu'il a fait pour nous. Pour de plus amples informations
sur les différentes écoles de danses visitées,
voir la partie "Le coin du musicien" (on peut y télécharger
de nombreux extraits vidéos sur les différents styles
de danse rencontrés).


Durant notre séjour chez lui, Dipak nous emmène visiter
Ahmedabad, et plus particulièrement l'imposant marché
Dhalgerwed, aux milles et unes couleurs et senteurs, le vieux quartier
avec ses superbes sculptures sur bois d'une finesse incroyable (voir
photo ci-dessus, à gauche), ainsi que la mosquée Gemi
(voir photo ci-dessus, à droite), très différentes
de celle que nous avons pu contempler précédemment (dans
un style hindo-musulman avec des sculptures d'un raffinement extrême).
Puis nous nous dirigeons vers Gandhinagar (25 km en bus) où nous
visitons le temple Akshardan (de la secte hindoue Swaminarayam) avant
de nous rendre au festival Lok Sankruti Melo (Lok = peuple, Sankruti
= culture, Melo = fête).
Ce
festival a lieu tous les ans du 11 ou 20 février de 17 à
22 heures. Durant toute la soirée, de nombreuses danses sont
présentées au public. Les musiciens, danseurs et danseuses
viennent de nombreux états d'Inde, utilisant des styles de tantôt
classique, tantôt folklorique (pour la majorité). Au total,
14 ensembles se succéderont (voir photo de la scène et
des gradins ci-contre), dans une ambiance des plus chaleureuses. A l'issue
de la soirée, les spectateurs sont totalement ravis (nous aussi!)
vu la qualité exceptionnelle des différentes prestations.
Pour voir des extraits vidéos de cette soirée, nous vous
renvoyons au détail des danses classiques et folkloriques exposées
plus loin.
Le quatrième soir, Dipak organise chez lui une rencontre avec
plusieurs membres de Servas. Ce fut une soirée très agréable
au cours de laquelle nous avons fait la connaissance du docteur Paneri,
médecin Ayurvéda (science ancienne de la médecine
traditionnelle indienne à base de plantes). Cet homme est un
véritable phénomène: Pour faire un diagnostic,
il lui suffit de tâter le poux de la personne. Il a déjà
guérit environ 45 personnes de la maladie de Parkinson, contre
laquelle aucun remède n'existe dans notre médecine occidentale.
En 1 an de traitement, voire moins, ses patients sont rétablit
au minimum à 90%, tout simplement incroyable ! Pour de plus amples
informations, voici l'adresse de son site internet : http://www.drpaneri.com.
Après ces 5 jours extraordinaires, nous quittons Ahmedabad pour
nous diriger vers Udaipur, que nous relions en 4 jours.


Arbre Banian sur les rives du lac Pichola
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Udaipur est une ville comptant un bon nombre de palaces
tous aussi grandioses les uns que les autres (ce qui lui a valu le nom
de "Venise de l'Orient"), c'est vraiment un lieu magnifique
où il y a quantités de choses intéressantes à
voir. Nous visitons le City palace (dont l'intérieur a été
aménagé en un vaste musée), le Bakore-Ki-Haveli
(musée possédant une impressionnante collection sur les
costumes et les bijoux traditionnels provenant des "4 coins"
du Rajasthan), , ainsi que le Jagdich temple (magnifique temple hindi).
Au niveau musical, nous nous rendons au Prem Musicals
Instruments (adresse trouvée dans le guide Lonely Planet 2002),
où nous enregistrons Rajesh Prajapat (dit Bablu). Celui-ci est
le propriétaire du magasin (situé au 28, Gadia Devra,
Opp. Hotel Gangaur Palace, Chanpol, Udaipur (Rajasthan)) où il
dispense des cours de Sitar et de Tabla. Durant une heure, il nous présente
alors ces 2 instruments et nous laisse l'interviewer.
De plus, durant notre visite du Bakore-Ki-Haveli,
nous apprenons qu'un spectacle de danses et musiques traditionnelles
Rajasthanies se déroule chaque soir dans l'enceinte de l'haveli.
Nous ne manquons pas l'occasion et nous assistons le soir même
au spectacle. Nous ne sommes pas déçus: durant 50 minutes
de nombreux danseurs et danseuses se succèdent, présentant
successivement un spectacle de marionnettes, une cérémonie
de transe (on peut y voir l'un des protagonistes prendre des braises
dans sa bouche pour les mettre sur le feu) et différentes danses
(avec ou sans clochettes). Dans l'une d'elles, la danseuse porte 1,
puis 3, puis 7 et enfin 9 pots sur la tête! A chaque ajout de
pot une nouvelle difficulté se présente (elle danse sur
une assiette, sur des sabres, sur du verre pillé,..). Ce spectacle
nous a réellement beaucoup plus et vaut absolument le détour
!


Vue d'un des nombreux palaces d'Udaipur
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Pour
voir un extrait du râga "Ahil Belaw" (râga du
matin), cliquez ici 
NB: le passage que nous avons sélectionné, correspond
à la fin du râga, qui est beaucoup plus rapide que le reste
du morceau (un râga du matin, joué entre 9h et 12h est
constitué par une "progression musicale" très
lente. Ce qui contribue à amener chez l'auditeur une sorte de
sentiment d'éveil lent, tout en douceur (Bablu compare cette
progression avec le lever du soleil)). Ce râga dure au total 20
minutes environ.
Pour
voir une présentation (en anglais) de la tabla, puis le rythme
"Tin tal" (16 temps), cliquez ici 

Vue du lac Pichola (on peut voir le City Palace à
gauche et le Lake Palace Hotel situé sur Jagniwas Island (île
artificielle construite en 1754 pour y construire l'ancien palais royal
de Jagat Singh II)
Au final, nous resterons 3 jours entiers à Udaipur.
Le quatrième jour au matin, nous quittons celle-ci pour nous
rendre vers Jaipur, capitale de l'état du Rajasthan, située
à environ 470 km de là. En 6 jours, nous couvrons la distance.
A noter : L'omniprésence d'épineux en bord de route, à
cause desquels nous crevons plusieurs fois. A Jaipur, nous découvrons
la vieille ville, qui vaut à Jaipur son surnom de "ville
rose"; toutes les artères principales y étant colorées
en rose. Nous y visitons l'Iswari Minar Swarga Sal (ce qui signifie
"minaret perçant le ciel"), du haut duquel nous attendait
une vue imprenable sur la cité. Ensuite, nous nous rendons à
l'Hawa Mahal ("palais des vents"), bâtiment construit
pour permettre aux dames du harem royal d'observer le spectacle de la
rue. Enfin, grâce à Florent Faxo, un saxophoniste rencontré
en Egypte (voir carnet de route correspondant), nous entrons en contact
avec une famille de musiciens de Jaipur. Nous contactons l'ancien professeur
de tabla de Florent (celui-ci ayant passé deux ans chez lui à
étudier la musique indienne (il y a appris le chant, le tabla
ainsi que certains râgas avec son saxophone)). Il a 26 ans et
s'appelle Amanat Ali Kawa. Il vit depuis 6 mois en France et joue dans
2 groupes différents. Le premier s'appelle Kwal, groupe très
connu dans les environs d'Angers. C'est un mélange moderne de
plusieurs styles musicaux. Amanat y chante et joue de l'harmonium, Ishak
(son grand-frère) joue de la sitar et enfin Ashok (son autre
grand-frère) les accompagnent au tabla).
Le second groupe s'appelle "Badali" et est constitué
par la réunion des 3 frères jouant de la musique classique
de l'Inde du Nord. Ils y assument les mêmes rôles que dans
le groupe Kwal.


Rapidement, nous lions amitié avec Amanat qui
est vraiment très ouvert et chaleureux. Nous passons alors 5
jours entiers en sa compagnie et avec sa grande famille (voir photo
de sa mère et de 2 enfants de la famille ci-dessus à gauche).
Dans la famille Ali Kawa, tout le monde est musicien et ce, dès
le plus jeune âge. Le père d'Amanat était très
connu à Jaipur et il a enseigné à ses fils l'art
de la musique indienne, comme son père l'avait fait avant lui.
Maintenant, ce sont ses fils qui enseignent aux autres membres de la
famille et aux autres jeunes du quartier. Amanat enseigne son art à
de nombreux jeunes très talentueux. Sur la photo de droite figurant
ci-dessus, on peut voir, de gauche à droite, Nishad Ali Kawa
(tabliste (joueur de tabla) et chanteur qui a débuté à
l'âge de 2 ans et demi et remporté un prix spécial
au Rajasthan à l'âge de 3 ans!), Rizwan Khan (lui aussi
tabliste et chanteur), Noshad Ali Kawa (chanteur principal), Irshad
Ali Kawa (chanteur principal), Dilchad Ali Kawa (joueur de santour et
chanteur). Reste Imran Khan (malheureusement nom présent sur
la photo) qui joue de l'harmonium et chante. De plus, même si
cela n'est pas leur instrument principal, tous jouent du tabla, ce qui
leur permet de mieux maîtriser leur propre instrument. En effet,
ils peuvent ainsi suivre beaucoup plus facilement le rythme (ou Tâl)
donné par le tabla.
Citation de Bablu (voir présentation de la tabla ci-dessus),
"if you know some tabla, then you can play very well sitar. Because
rythm is in your mind. Generaly in India, [...] small or big artist
know a little bit tabla. How many tâls... How many beats... [...]"
(Traduction: "si tu connais un peu le tabla, alors tu peux
très bien jouer du sitar car le rythme est dans ton esprit. Généralement
en Inde, les petits ou les grands artistes connaissent un peu le tabla.
Combien de rythmes, combien de temps..."). Ceci étant valable
pour tous les musiciens (chanteurs ou instrumentistes) utilisant la
mélodie.
Pour
écouter un extrait de musique folklorique joué par ces
jeunes, cliquez ici 
Instruments utilisés: harmonium et tabla.
Pour voir un extrait du Râga "Yaman" (râga du
soir) joué par Dilchad et Imran (puis Rizwan), cliquez ici
Instruments utilisés: santour et tabla.
Durant ces 5 jours, nous assistons à de nombreuses répétitions
des jeunes formés par Amanat. De plus, nous nous rendons avec
Amanat et les jeunes dans un hôpital où l'on soigne des
malades du Cancer. Ceux-ci y donnent quotidiennement un concert gratuit.
Ensuite, Amanat nous offre une interview privilégiée et
nous donne notre premier cours de chants indiens. Enfin, par l'intermédiaire
des frères d'Amanat, nous "flambons" achetant un sitar
et trois tablas ! C'était une occasion en or, car non seulement
nous avons la certitude que ces instruments sont de qualité car
les frères d'Amanat sont des musiciens professionnels, et, en
plus, ceux-ci géreront l'envoi à notre place car ils en
ont l'habitude. Ashok ira même jusqu'à envoyer ses propres
tablas par bateau pour pouvoir prendre directement notre sitar dans
l'avion !
Tout au long de notre séjour avec eux, nous sommes réellement
stupéfaits de voir avec quelle simplicité cette famille
vit et surtout avec quelle générosité il nous reçoivent
chez eux. Avec cette rencontre, c'est un part de nos rêves qui
se réalisent !
Pour voir un extrait
du Râga "Bilawal" (râga de l'après-midi)
joué par Amanat (NB: les paroles sont de sa composition), cliquez
ici
Instruments utilisés: harmonium.


Amanat (à l'extrême gauche) et certains membres
de sa famille. (Julien est caché quelque part sur la
photo !)
|
Un groupe de musique se produisant devant chez Amanat à
l'occasion du Morom (fête commémorant la mort de
l'Imam Hussain pendant laquelle aucun musulman ne doit jouer
de la musique pendant 11 jours mis à part ce style de
bande (utilisant uniquement des tambours de diverses tailles,
appelés "Tacha Dol"). Le son ressemble assez
aux groupes se produisant dans les mariages, sans la mélodie.
|
Après
tous ces moments partagés, nous sommes très triste de
devoir quitter cette "famille en or". Aussi, nous nous promettons
d'aller voir les frères Ali Kawa en concert en France. De plus,
ceux-ci ont proposés de nous former au tabla et au sitar, aussi
nous ne manquerons pas cette occasion unique. Et puis, c'est bien de
possèder des instruments, mais s'ils servent de décoration,
c'est un peu dommage...
Note
très importante pour les organisateurs de manifestations culturelles:
les frères Ali Kawa sont prêts à accepter tout type
de concert en France. Pour quelques 500 € plus le remboursement
de leur frais de déplacement depuis Angers, ils viennent donner
un concert de 3 heures de musique typiquement traditionnelle de l'Inde
du Nord, et ce, à "domicile". Eventuellement, si plusieurs
concerts sont prévus, ils peuvent, par exemple, accepter 200
€ par concert. Tout ça et à négocier avec
eux et ils sont ouverts à toute proposition. Voici leurs différents
contacts:
Momo (surnom de leur impésario): 02.41.79.07.47 - 06.22.70.85.68
Ashok
(frère d'Amanat, tabliste): Tél:
06.68.44.81.53
Amanat
(sitariste, joueur d'harmonium et chanteur): Tél: 06.64.21.54.92
- Mail: amanatalikawa@yahoo.com
Ishak
(frère d'Amanat, sitariste, tabliste et chanteur): 06.18.25.84.25
Site internet: www.multimania.com/ishakkawa/
- Mail: ishakkawa@yahoo.com
Adresse de leur maison à Jaipur
(Rajasthan)
S1, Balay Basty
Nahari-Ka-Naka
Shastinagar - Jaipur
0091 (international) ou 0 (inde) 141 (code telephone jaipur) 2303739
Toute visite, que cela soit en France ou
en Inde est la bienvenue mais téléphoner d'abord, c'est
mieux !
Note
pour ceux qui veulent apprendre la musique indienne: les frères
Ali Kawa dispensent des cours de musiques indiennes à Angers
et dans les environs. Ils acceptent des étudiants de tout niveaux.
Suite du carnet de route:
Les jours suivants notre départ de Jaipur, nous relions Agra
à vélo. Nous découvrons alors l' "Inde paysanne",
les abords de la route étant essentiellement constitués
par des champs. De plus, nous traversons bon nombre de petits villages
de paysans indiens. 

Une fois à Agra, nous nous rendons chez Mr P.Krishna Gaur, hôte
Servas. Ce businessman de 60 ans vit avec sa femme, son fils, sa belle-fille
(voir photo de droite ci-dessus (pendant la préparation des "chapatis",
pain circulaire indiens)) et ses 2 petits-enfants (voir photo de gauche
ci-dessus). Le soir de notre arrivée, Krishna nous reçoit
"en grandes pompes" autour d'une bouteille de Rhum et nous
comprenons vite que lui et son fils Vikram sont des bons vivants (la
bouteille y passera) ! Le lendemain, nous faisons la visite du parc
d'Agra et de ses marchés. Nous en profitons pour voir l'extérieur
de la mosquée Jama Masjid et du fort d'Agra. Le soir, Krishna
est aux petits soins pour nous et nous prépare un repas délicieux.
Malheureusement, les mets sont un peu trop épicés pour
nous et le lendemain nous sommes quelque peu malades. Entre-temps, Krishna
nous soumet une "grande idée": pourquoi ne pas inverser
nos rôles de hôtes-invités pour une soirée,
nous cuisinerions à la française pendant que lui et son
fils se reposerait. Nous acceptons sa proposition, intrigués
mais aussi amusés par cette idée. Le jour suivant sera
donc quasiment entièrement consacré à la cuisine.
Au menu: Salades avec vinaigrette, Pâtes à la carbonara,
Crêpes (sardines, confiture, thon) pour finir nous prévoyons
des bananes flambées au rhum. Total des frais de ses achats:
1100 Roupies soit 3-4 jours de notre budget. Ensuite, Krishna nous réclame
encore quelques 600 Roupies pour acheter de l'alcool, soit 2 jours de
notre budget. La soirée se déroule alors dans une très
bonne ambiance, tout du moins jusque la fin de l'apéritif. Près
après les salades, notre hôte, trop imbibé par l'alcool,
sombre dans un profond sommeil (au milieu du salon), alors que nous
finissons seulement de préparer le premier plat. Quelque peu
vexé par cette attitude, nous allons nous coucher (bien éméchés
nous aussi) après avoir fait un festin de carbonara. Le lendemain,
Krishna, s'étant rapidement excusé pour son absence du
jour précédant, part tôt à son travail tandis
que nous nous reposons. L'après-midi sera consacré aux
carnets de route et le soir, à la visite de la boutique de Krishna.
Ce
businessman est architecte de profession. Il possède une boutique
de gravures sur marbre (voir photo ci-contre d'une table en marbre).
Le travail y est effectué à la main et reprend le principe
des incrustations de pierres semi-précieuses du Taj Mahal. Pendant
2 heures, nous restons dans sa boutique. Pour commencer, son fils nous
explique les grands principes de cette réalisation à la
main et nous laisse même essayer de tailler nos propres pierres
(voir photo de l'atelier ci-dessous). Très intéressant
! A ce moment, les choses se corsent puisque Krishna et son fils se
sont mis en tête de nous vendre un souvenir. 40 minutes durant,
les négociations continuent, du style: "vous êtes
nos hôtes, vous n'êtes pas là pour acheter, mais
considérer plutôt cette opportunité unique... bla
bla bla). Au bout de cet harcèlement, nous parvenons à
ne rien acheter à ses 2 vendeurs exceptionnels.

Le soir, Krishna nous donne de précieux conseils sur l'itinéraire
à emprunter pour la suite de notre périple indien. Nous
avons décidé de changer notre itinéraire étant
donné le peu de temps qu'il nous restait en Inde (nous devons
absolument arriver à la frontière népalaise le
28 mars, date de la fin de validité de nos visas... Comme nous
ne pouvions pas relier Varanasi à vélo dans cette intervalle
(nous préférons faire la distance jusqu'à la frontière
népalaise), nous devions donc prendre le train. Or, comme nous
devons encore attendre un colis de nos parents à Agra. Nous décidons
alors de profiter des 5 jours de battements jusqu'à notre départ
à Varanasi pour de faire une petite excursion vers le sud (Gwalior,
Jhansi, Orchha, Jhansi (240 km en tout)), puis nous rentrerons avec
le train Jhansi-Agra le 21 au matin. Le même jour au soir, nous
prendrons le train de nuit pour Varanasi (Krishna s'occupera de réserver
nos billets).

Le
jour précédant notre départ d'Agra, nous allons
voir le Taj Mahal (voir photo-contre, la vue classique de face, ci-dessus
une vue de coté, notre "touche perso"), tout du moins
l'arrière du Taj (le prix d'entrée est fixé à
760 Roupies par personne, trop cher (nous avons déjà trop
dépensé chez notre hôte)). Nous restons environ
1 heure à contempler le Taj et sa parfaite symétrie, loin
des flots de touristes présent à l'intérieur du
site... Malheureusement, nous n'en verrons que l'extérieur...
Krishna,
malgré ses quelques défauts (notamment celui de vous faire
sortir un peu trop souvent votre portefeuille...) possède un
côté assez attachant! De plus, le soir même, nous
le découvrons sous un nouveau jour: celui du musicien. Dans la
soirée, lorsqu'il apprend que Benoît possède un
harmonica, il lui emprunte et nous joue alors plusieurs morceaux "à
chaud" (encore un bon apéro ce soir là...). C'est
vraiment un très bon musicien et nous vous invitons à
télécharger un de ces morceaux au format DivX (le cadrage
n'est pas fantastique, c'est du pris sur le vif (nous aussi, nous étions
un peu éméchés)). De plus, cette vidéo donne
une bonne idée de la manière d'être de ce "personnage".
Cet extrait est une reprise de la musique chantée de la comédie
musicale indienne "An evening in Paris". Krishna a appris
l'harmonica tout seul et en joue depuis l'âge de 15 ans.
Pour
voir Krishna jouant de l'harmonica, cliquez ici
Le
lendemain, nous quittons la famille Gaur pour nous rendre à Orchha.
Durant cette "excursion", nous découvrons la "jungle
indienne" (aucune habitation à des kilomètres à
la ronde, excepté de petites échoppes le long de la route.
Voir photo ci-dessous) et la paisible beauté d'Orchha, petit
village situé dans un cadre naturel sublime, jadis capitale d'un
royaume Rajput (apogée de cette cité au 17ème siècle).
Ici, les anciens monuments ne manquent pas et il y a nombre de visites
intéressantes à faire: temples, ancien palais (voir 2ème
photo ci-dessous) cénotaphes (monument élevé à
la mémoire d'un mort, voir photo ci-contre).


Le 21 mars, comme prévu, nous prenons le train depuis Jhansi
vers Agra (nous avions fait des réservations avant de partir
sur Orchha). Tout se passe bien et, lorsque nous arrivons à Agra,
notre colis est enfin arrivé. Après un bon repas et une
bonne douche chez Krishna, nous lui faisons nos adieux car nous devons
prendre le train ce soir-là. Le lendemain, nous arrivons à
Varanasi. Hélas, nous ne pouvons nous attarder sur place et nous
n'y resterons d'ailleurs qu'une journée et demi.


Lever de soleil sur le Gange, un moment extraordinaire !
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Buffles se baignant dans l'eau sacrée du Gange afin
de purifier leur karma (hé oui, même les buffles
ont un karma !). En fait, c'est plutôt à cause
de la chaleur, mais bon, on peut rêver !
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Nous prenons une chambre
à l'hôtel et nous pouvons alors y laisser nos affaires
pour circuler plus librement. Nous faisons alors une ballade le long
des fameux Ghats de Varanasi (voir photo ci-dessous: Ghat Manikarnika
servant pour les crémations (par respect pour les familles, mieux
vaut ne pas prendre de photos à cet endroit. De loin, nous n'avions
pas vu que ce ghat était dédié aux crémations),
nous flânons dans sa vieille ville; il y règne une perpétuelle
agitation! Rickshaws, piétons, scooters, vaches sacrées
et voitures se côtoient ...le tout dans de petites ruelles sinueuses.
Il faut le voir pour le croire, même à pied on peut se
retrouver pris dans un bouchon! Enfin, c'est aussi ces ruelles qui font
le charme de la ville).
Enfin, le soir, nous assistons à un concert de musique traditidionnelle
indienne dans un restaurant "pour les touristes". Une tabliste
et un sitariste y présentent un show de 40 minutes (2 morceaux)
d'une grande qualité. Malheureusement, nous n'avons pas pu parler
au chef de groupe pour lui présenter notre projet et lui demander
l'autorisation de filmer. Nous n'avons donc pas de vidéo ni de
sons à présenter pour cette soirée...

Pour notre départ de Varanasi, nous avons choisi, par hasard,
le moment idéal: pendant la finale de la coupe du monde de cricket
(sport national de l'Inde) opposant l'Inde à l'Australie. Tous
les indiens suivent le match ce qui allège très largement
le trafic. Nous effectuons alors le trajet suivant en vélo :
Varanasi - Ghazipur - Gorakppur - Sunauli (poste frontière),
afin de relier le Népal. Nous mettons 6 jours pour couvrir la
distance, découvrant au passage une nature assez différente
de celle que nous avions pu voir au Rajasthan (présence de nombreux
champs de céréales, de gigantesques bambous, beaucoup
de singes, des bananiers (les bananes poussant en Uttar Pradesh sont
énormes et quasiment rectangulaire ! Ce qui n'enlève rien
à leur goût, puisque ce sont, de loin, les meilleures bananes
que nous ayons jamais mangé!).

Forêt située en bord de route, UP.
Par contre, la route jusque Gorakphur est, passez nous
l'expression, assez pourrie, ce qui ralentit quelque peu notre progression
et surtout génère quelques maux de fesse et de poignets
(on n'a rien sans rien!). Jusque la frontière Népalaise,
nous avons le temps de flâner un peu en route. En effet, nous
empruntons une nouvelle route plus directe (marquée comme un
chemin sur notre carte datant pourtant de 2001) que celle initialement
prévue ramenant de 140 à 80 kilomètres la distance
à parcourir. Dans cette partie de l'UP (Uttar Pradesh), Les paysages
sont vraiment à couper le souffle et on y découvre réellement
la vie des agriculteurs indiens.
L'UP est très peuplé (la plus forte densité
de tous les états de l'inde), nous nous en apercevons vite puisque
nous ne pouvons nous arrêter 2 minutes que déjà
3-30 indiens nous entourent, c'est parfois assez fatiguant, surtout
lorsque ceux-ci restent 1/2 heure sur place à vous contempler
en chiens de faïence et ce même si vous leur tourner le dos
et que vous ne faîtes rien de spécial (le moindre objet
sorti des sacs leur donnerait une raison pour vous approcher de plus
près). Après tous ces attroupements, le Népal nous
fera le plus grand bien !
Le 28, nous arrivons sans encombre à la frontière
népalaise (Sunauli), que nous passons en quelques minutes après
les formalités d'usage (tampon de sortie sur notre passeport,
achat du visa népal pour 30 $ (valable 2 mois)). Ici, pas de
contrôle intempestifs et nous passons la frontière sans
même avoir à ouvrir un seul sac, très appréciable.
ENCORE DES GALERES:
- un colis envoyé par nos parents a été
bloqué 3 semaines à Delhi pour cause de droits de douane
à payer. En effet, nous avions envoyé ce colis directement
à Mr Gaur, ce qui entraîne alors des taxes douanières
si l'on déclare une valeur pour le colis. Nous avons alors été
obligé d'envoyer expressément une lettre au responsable
de la section douanière à Delhi. Dans celle-ci, nous lui
expliquons notre erreur (avec preuves à l'appui: factures, lettre
attestant l'appartenance à SERVAS et enfin, preuve du lien de
parenté entre l'expéditeur et le destinataire) et lui
demandons alors de bien vouloir transférer le colis à
Agra. Puis, 2 jours plus tard, nous avons appelé la section douanière
de nombreuses fois afin d'accélérer la procédure.
Excédés par tant d'insistance (un des coups de fils a
duré environ 15 minutes!), ceux-ci ont finalement accepté
de nous renvoyer le paquet, nous évitant ainsi de nous rendre
en personne à Delhi (ce que nous ne voulions pour rien au monde).
Tout est bien qui finit bien !
NOTE IMPORTANTE: Il existe 2 solutions différents pour éviter
ce genre de problème:
La première est d'envoyer directement le paquet à son
nom chez mr untel (avoir les factures pour attester que le matériel
envoyé vous appartient déjà et si possible laisser
une lettre à votre hôte attestant qu'il peut recevoir le
paquet à votre place si vous n'êtes pas là). L'autre
solution, plus simple, consiste à envoyer directement le colis
à l'adresse de mr untel mais en précisant que c'est un
cadeau sans autres indications.
- Nous avons eu quelques difficultés pour prendre
le train d'Agra à Varanasi:
18h00: Nous quittons Krishna afin de nous rendre à la gare d'Agra
Cantt. Première mauvaise surprise: on nous dit que notre billet
n'est valide que pour un départ depuis l'autre station d'Agra
située à environ 7 kilomètres de là. En
effet, le billet ayant été acheté dans l'autre
gare, il est logique que le départ s'effectue lui-aussi de là-bas.
Malgré leur refus, nous insistons quelque peu car il était
trop dommage de faire cette distance sachant que le train passait dans
les 2 gares à 30 minutes d'intervalle. La tentative s'avère
infructueuse... Nous nous rendons alors à Raja-Ki-Mandi, l'autre
gare d'Agra.
18h45: Deuxième mauvaise surprise: une fois arrivés à
cette gare, on nous dit (après 10 minutes de contrôle dans
leur fichiers) que nous devons retourner à la gare d'Agra Cantt.
Raison de ce refus: le vendeur du billet a barré l'heure du départ
depuis Raja-Ki-Mandi (20h00) pour mettre celle d'Agra Cantt. De plus,
on nous dit qu'il n'existe pas de facilité pour embarquer des
vélos depuis cette gare (pourtant c'est le même train!).
Le chef de la gare, voyant que nous sommes littéralement excédés
appelle alors ses collèges de l'autre gare pour les prévenir
de notre arrivée. Nous roulons alors de nuit et à très
vive allure afin d'être dans les temps pour pouvoir prendre ce
train.
19h30: Trempés de sueur, nous sommes de retour à Agra
Cantt. Nous retournons alors voir l'employé qui nous a envoyé
paître la première fois. Celui-ci accepte tout de suite
de prendre les vélos dans le train après que nous ayons
prononcé le mot magique (le nom de son chef: c'est lui que le
responsable de la gare de Raja-Ki-Mandi a appelé). Toutefois,
pas un mot d'excuse de sa part. Ensuite, les formalités pour
l'embarquement à peine terminées, celui-ci nous dit que
les vélos partiront "peut-être" le soir même
avec nous ou bien qu'ils arriveront dans les jours suivants. Finalement,
après l'avoir supplié de longues minutes, nous parvenons
à lui faire promettre d'envoyer les vélos le soir même.
Nous les laissons alors sur place et nous rendons rapidement vers le
quai où le train nous attend (il est 20h15). Les bagages rentrés
dans le train, Benoît va s'assurer que les vélos sont bien
dans le train. Dernière surprise: ils n'y sont pas, et ce, à
10 minutes du départ. Il retourne alors voir l'office du fret
et celui-ci le rassure en disant qu'il n'y a aucun problème et
que ce n'est qu'une question de temps. Insistant lourdement pour voir
de lui-même les vélos dans le train, il se rend avec l'employé
sur le quai en question. Les vélos étaient simplement
posés à l'arrière du quai avec tout un tas d'autres
bagages, ceux-ci étant sûrement, vu leur quantité
(au moins 50) destinés à un envoi ultérieur. A
ce moment, l'employé attestait encore qu'il n'y avait aucun problème.
Tant de bagages à charger en 5 minutes, impossible ! Fermement
décidé, Benoît prend les vélos lui-même
jusqu'au train. Quel autre moyen d'être vraiment sûr avec
de tels incompétents! On brise alors les scellés (corde
avec tampon de cire) d'une des soutes à bagages afin de pouvoir
y rentrer les vélos. Enfin, nous pouvons respirer et prendre
du repos bien mérité après le stress des dernières
heures. Conclusion: Il faut parfois avoir une sacrée patience,
surtout avec l'administration indienne...
- Benoît a eu 6 crevaisons en 11 jours ! Cela commence par une
double crevaison à l'arrière en arrivant à Agra
(un clou s'est enfoncé dans le pneu et a percé la chambre
à air de part en part). Après quelques jours sans utiliser
les vélos, nous décidons d'aller voir l'arrière
du Taj (point de vue situé à 6 kilomètres de là),
tout se passe bien jusqu'au retour, alors que nous passons sur le pont
pour traverser la Yamuna (grosse rivière), un gros morceau de
verre s'enfonce alors profondément dans son pneu avant, coupant
littéralement le pneu sur 1 centimètre. Impressionnant
de voir avec quelle rapidité le pneu se dégonfla ! Une
nouvelle fois, la sanction est une double crevaison de la chambre. Nous
sommes bon pour rentrer à pied jusque chez Krishna (à
4 km de là). L'entaille dans le pneu sera ensuite réparée
avec un bout de chambre à air plié puis collé à
l'intérieur du pneu)). Puis, pendant notre trajet vers Orchha,
nous dormons dans un champ et, au matin, nous découvrons que
la chambre à air arrière est "ornée"
de 2 nouveaux trous (grâce à une épine de 3 cm:
on trouve partout des arbustes à épines dans la campagne
indienne). L'après-midi, la malédiction continue, cette
fois le pneu avant (toujours la même histoire, une épine...)
et ce alors que nous étions pressés car la nuit allait
bientôt tomber. Pour terminer, c'est un petit clou qui viendra
clore cette belle série (il s'est mystérieusement inséré
dans le pneu arrière pendant notre trajet en train de Jhansi
à Agra).
Nb: il faut noter que chaque crevaison à l'arrière constitue
un problème puisque nous n'avons pas de pompe pour les chambres
à air à grosse valve (voir accident avec un minibus en
Egypte). Les pompes indiennes sont vraiment d'une inefficacité
redoutable (nous en avons acheté 2 sans jamais parvenir à
gonfler correctement ne serait-ce qu'un seul pneu!). En fait, tous les
indiens utilisent des grosses pompes à pied (encombrantes et
lourdes, mais au moins elles fonctionnent). A chaque fois, nous devons
trouver un réparateur vélo (il y en a à tous les
coins de rue). Par contre, cela pose plus de problèmes lorsque
l'on se réveille au milieu d'un champ en pleine campagne avec
le pneu arrière crevé. Enfin, on finit toujours pas trouver
ce que l'on veut en demandant à "nos voisins" indiens,
car ceux-ci sont toujours très débrouillards et serviables.
- Pour finir sur les poisses de Benoît, sa béquille s'est
cassée sur la route vers Orchha. En effet, celle-ci avait été
pliée lors de la collision avec le minibus en Egypte (voir ce
carnet) et sa résistance s'en est vue amoindrie. Ce qui devait
arriver arriva après 2 mois de "sursis". Désormais,
nous sommes obligés de nous arrêter uniquement dans des
endroits où il y a un poteau ou un arbre, bref, de trouver quelque
chose pour appuyer le vélo. Au pire, nous collons les 2 vélos
l'un à l'autre. Cette solution n'est utilisée qu'en dernier
recours, car l'équilibre de l'ensemble est somme toute assez
précaire...
Note concernant ces 2 derniers problèmes:
A Gorakphur, nous errons dans l'espoir de trouver une boutique de cycles
digne de ce nom. La chance nous amène directement dans le quartier
des réparateurs vélo (en Tunisie, en Egypte et en Inde,
il n'y a pas ou peu de supermarchés et surtout pas de Brico 10.
Dans chaque ville qui se respecte, certains quartiers sont dédié
à un certain secteur d'activité (quartier des réparateurs
vélos, autos, des bricoleurs en général, des marchands
de tissus,...). Nous y achetons une nouvelle pompe "de compétition"
(poids: environ 2 kgs), afin d'être plus tranquille au Népal
(une crevaison à l'arrière dans la montée de Katmandou
serait assez gênante...). De plus, nous parvenons à trouver
une béquille de rechange pour le vélo de Benoît,
le bonheur total (combien de temps tiendra-t'elle, c'est un autre problème...
Ca dépanne bien en tout cas)!
Pour finir, voici quelques anecdotes sur l'hospitalité
indienne:
- A Bharuch, alors que Julien se rend chez un glacier
afin de prendre son dessert (il avait commandé un simple milk
shake à 10 roupies), le serveur ramène à la place
deux "super" milk shake avec boule de glace en prime. De plus,
le patron lui annonce que cela est offert par la maison. Nous nous installons
alors à l'intérieur afin de les déguster et aussi
de discuter avec ce patron bien aimable (NB: il parle très peu
l'anglais). Au cours du dialogue, ce dernier nous tend alors subitement
une grosse liasse de billets (nous n'avons pas compté, mais la
pile était impressionnante) "Take it, for your travel!".
Nous avons alors vraiment une impression bizarre de rôles inversés...
Un peu gênés, nous refusons poliment son offre. Celui-ci
insiste de nombreuses fois et voyant que nous sommes décidés,
il nous paye alors une nouvelle tournée de milk-shake. Nous acceptons
son offre, voyant que lui aussi est bien déterminé. Nous
dégustons donc un deuxième milk shake. Puis, lorsque nous
nous apprêtons à partir, celui-ci nous retend une nouvelle
fois la liasse de billet. Incroyable ! Nous sommes vraiment enchantés
et stupéfaits de la générosité de ce drôle
de marchant, nous le quittons non sans regret, pleins d'énergie
et de confiance envers la nature humaine (franchement, après
une situation comme celle-ci, c'est que l'on ressent).
- Peu après notre entrée au Rajasthan,
nous nous arrêtons en plein nature dans un restaurant indien Très
Très simple afin de restaurer. Le patron, qui parle seulement
Hindi nous fait tout de suite asseoir et nous confie "sa meilleure
table" (coup de chiffon sur la table et les chaises). Apparemment,
il y a un seul menu disponible (pain en boulettes et mouton (quelques
rares morceaux) en sauce (épicée bien sûr). Avant
le repas, le patron nous demande d'aller faire une prière devant
l'autel situé à 10 mètres là). Nous sommes
tout d'abord un peu intrigués par cette requête mais, voyant
que cela lui tient à coeur, nous nous exécutons. L'autel
en question est constitué d'une pierre toute simple colorée
en rouge et de forme arrondie (elle représente le Ligna de Shiva,
symbole phallique rattaché au culte de Shiva). Nous enlevons
nos sandales pour monter sur l'autel et nous y faisons une prière
et Julien allume un des bâtonnet d'encens disposés à
côté du Linga. Nous ne savions pas du tout quels sont les
gestes requis mais faisons de notre mieux malgré tout. Nous nous
mettons ensuite à table, affamés. Pendant le repas, le
patron est toujours très attentionné et nous ressert plusieurs
fois. Puis, nous avons même droit à de la "goutte"
locale pour finir ce succulent repas. Jusqu'au moment de partir, nous
n'avions aucunement discuté du prix de ce repas (ce qui pose
parfois problème car certains patrons profitent que vous êtes
occidentaux pour augmenter le prix normal. Négocier le prix à
l'avance permet de faire plus facilement face à ce genre de situation).
Celui-ci nous fait alors comprendre que le repas est gratuit et nous
désigne alors l'autel du doigt! Nous ne nous attendions pas du
tout à tant de générosité! Le fait d'avoir
réalisé une prière devant l'autel nous assura donc
un repas gratuit chez ce fervent Hindu.
- A Ahmedabad, nous avons vraiment été
impressionnés par l'hospitalité de Dipak. Durant les 5
jours passés chez lui, celui-ci nous a constamment guidés
pour chacune de nos "visites touristiques" ou "musicales".
Celui-ci a même pris les rendez-vous avec les écoles de
danses à notre place (au prix de nombreuses heures de recherches
et de communications téléphoniques)! Ce fut vraiment un
hôte exceptionnel.
- A Jaipur, Amanat nous reçoit très chaleureusement chez
lui et nous sommes très bien acceptés au sein de sa famille.
Ceux-ci nous ont d'ailleurs invités à manger plusieurs
fois chez eux. De plus, nous avons fait la connaissance de beaucoup
de personnes du quartier d'Amanat (dont beaucoup de musiciens dont le
fils du fameux Sultan Khan (joueur de Sârangi connu internationalement)
et tous ont été très gentils et curieux à
notre égard.
- A Baroda, alors que Benoît observe de près la procession
du mariage (afin de glaner quelques sons, minidisc en poche), tous les
indiens de la fête l'invitent à danser avec eux. Pendant
la danse, Suraj le voit et danse avec lui. Il l'entraîne ensuite
hors du brouhaha de la procession pour lui expliquer le but de la procession
et faire plus ample connaissance. Après 5 minutes seulement de
discussion, celui-ci propose de nous héberger tous les deux chez
lui, afin que nous puissions, nous aussi, participer au mariage. Nous
ne pouvons qu'accepter cette offre généreuse et spontanée.
Nous passerons ensuite une délicieuse soirée en sa compagnie
et celle des indiens invités au mariage. Tous sont réellement
ravis de nous voir participer à ce mariage et veulent absolument
nous faire partager leur joie en dansant avec nous. Une situation comme
celle-ci est assez incroyable à vivre!
Ces quelques exemples ne sont là que pour illustrer
quelque peu l'hospitalité des indiens. Il en y aurait encore
bien d'autres, mais nous n'allons tout de même pas écrire
un roman! En tout cas, nous garderons vraiment un très bon souvenir
de ce pays exceptionnellement riche. Des gens vraiment accueillants,
des musiques extraordinaires et des paysages somptueux, que demandez
de plus ? L'Inde nous a conquit et nous y retournerons !
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