Introduction
"Le chant diphonique (en anglais Throat-Singing ou
Overtone-Singing) est une technique de chant permettant de
produire plusieurs sons à la fois et donc de faire du chant
polyphonique. Un bourdon grâve est produit avec la gorge tandis
que des harmoniques aigues sont produites simultanement par
resonnance.
Le style diphonique est principalement connu via les chants
Mongols, et principalement de la province de Tuva (ou Touva),
en fait malgré la grande `popularité' de ce style de chant
dans cette région, le chant diphonique est pratiqué dans de
nombreux endroits du globe. On peut en trouver, mis a part
en Mongolie, au Tibet lors de récitations de Mantras par les
moines bouddistes des monastères de Gyutö et Gyüme, de rares
traces ont été découvertes en Inde, au Rajasthan, en Afrique
du Sud les femmes Xhosas utilisent cette technique pour certains
de leurs chants et à Formose les Bunun sembleraient aussi
pratiquer une forme de chant diphonique. "
La pratique (anglophobes: passez à la rubrique
suivante)
"How to Sing Khoomei (by Dan Bennett, dan@hpwina39.uksr.hp.com)
Extraits de alt.culture.tuva FAQ
Khoomiy is easiest for men. I *have* heard a recording of
a Mongolian Kazakh women singing khoomiy, but it's simply
not so easy or spectacular, because of the higher pitch of
the female voice. (Sainkho Namchylak can sing khoomiy too.)
Sing a steady note while saying "aah" (to start
with). Pitch it in the middle of your range, where you can
give it plenty of energy, i.e. - Sing it loudly.
Aim to make the sound as bright - not to say *brash* - as
you can. The more energy there is in the harmonics, the louder
and clearer they'll be when you start singing khoomiy. Practise
this for a while.
OK, with this as a basis for the sound generation, you've
got to arrange your mouth to become a highly resonant acoustic
filter. My style (self- taught, but verified for me by a professional
Mongolian khoomiy singer I had a lesson with in Ulaanbaatar)
is as follows:
Divide the mouth into two similar-sized compartments by raising
your tongue so that it meets the roof of your mouth, a bit
like you're saying "L". Spread your tongue a bit
so that it makes a seal all the way round. At this point,
you won't be able to pass air through your mouth. Then (my
technique), break the seal on the left (or right) side of
the mouth, simply to provide a route for the air to get through.
Then (here's the most difficult bit to describe over the
net - or even in person, for that matter!), push your lips
forward a bit, and by carefully (and intuitively) adjusting
the position of your lips, tongue, cheeks, jaw, etc, you can
sing Mongolian khoomiy!
Put it this way: the *aim* of the khoomiy singer ("khoomigch")
is to emphasize ONE of the harmonics which are already present
in the sound generated by the throat. This is achieved because
he is forming a resonant cavity, which (a) is tuned to the
chosen harmonic (overtone), and (b) has a high resonance,
or "Q" factor. By adjusting the geometry and tension
of your mouth you can choose which harmonic you're emphasizing,
and thus sing a tune. "
Textes cités des pages internet de Heddy Boubaker:
http://heddy.boubaker.free.fr/Chant-Diphonique.shtml
Recette du chant diphonique (par Mr Tran Qaung Hai, ethnomusicologue
au CNRS)
Première méthode avec une cavité buccale:
la langue peut être à plat, en position de "repos",
ou la base de la langue légèrement remontée
sans jamais toucher la partie molle du palais. Seuls la bouche
et les lèvres bougent. Par cette variation de la cavité
buccale en prononçant lesdeux voyelles ü et i
liées sans interruption (comme si on dit "oui"
en français), on perçoit une faible mélodie
des harmoniques qui ne dépasse guère l'harmonique
8.
Deuxième méthode avec deux cavités
buccales:
On applique "la recette" décrite ci-dessous:
1. Chanter avec la voix de gorge
2. Prononcer la lettre L. Dès que la pointe de la langue
touche le centre de la voûte palatine, maintenir ainsi
cette position.
3. Prononcer ensuite la voyelle Ü avec, toujours la pointe
de la langue collée fermement contre le point de fixation
entre le palais dur et le palais mou.
4. Contracter les muscles du cou et ceux de l'abdomen pendant
le chant comme si on essaie de soulever un objet très
lourd.
5. Donner un timbre très nasalisé en amplifiant
les fosses nasales.
6. Prononcer ensuite les deux voyelles I et Ü ( ou bien
O et A) liées mais alternées l'une après
l'autre en plusieurs fois.
7. Ainsi sont obtenus, et le bourdon et les harmoniques en
pente ascendante et pente descendante selon le désir
du chanteur. On varie la position des lèvres ou celle
de la langue pour moduler la mélodie des harmoniques
. La forte concentration musculaire augmente la
clarté harmonique.
La troisième méthode avec la base
de la langue remontée et mordue par les molaires supérieurs
pendant que le son de gorge est produit sur les deux voyelles
I et Ü liées et répétées
plusieurs fois pour créer une série d'harmoniques
descendants et ascendants. Cette série d'harmoniques
se trouvent dans la zône entre 2KHz et 3,5 KHz. Cette
troisième méthode ne permet pas le contrôle
de la mélodie formantique mais ce n'est qu'une démonstration
expérimentale sur les possibilités de timbre
harmonique."
Champ de liberté du chant diphonique
Avertissement: ce texte, extrait des recherches de
Mr.Tran Quang Hai sur le chant diphonique, nécessite
une certaine connaissance du vocabulaire musical.
"Du point de vue du champ de liberté, le chant
diphonique équivaut le chant normal sauf pour ce qui
concerne l'ambitus. Le temps d'exécution est évidemment
fonction de la cage thoracique du chanteur, donc de la respiration,
mais également de l'intensité sonore, car l'intensité
est en rapport avec le débit d'air. Le champ de liberté
en intensité est par contre relativement restreint
et le niveau des harmoniques est lié au niveau du bourdon.
L'intérêt du chanteur est de garder un bourdon
convenable et de faire sortir au maximum des harmoniques.
J'ai vu précédemment que les harmoniques étaient
d'abord plus claires que le formant était étroit
et intense. Je vois apparaître des liaisons entre intensité,
temps et clarté. Le champ de liberté en timbre
se passe de commentaire, le son résultant est dans
la majorité des cas formé d'un bourdon et d'une
ou deux harmoniques. La question la plus intéressante
est celle de l'ambitus. Il est général admis
que pour une tonalité judicieuse (en fonction de l'exécutant
et de la pièce musicale à interpréter),
un chanteur peut moduler ou choisir entre les harmoniques
3 et 13. Ceci est vrai mais doit être précisé.
L'ambitus est fonction de la tonalité. Si la tonalité
est en DO2, l'excursion se fait sur 14 harmoniques du 6ème
au 20ème, ceci représentant une octave et une
sixte. Si la tonalité est élevée,
par exemple DO3, le choix se fait entre les harmoniques 3
et 10 soit 8 harmoniques, représentant également
une octave et une sixte. Les remarques suivantes s'imposent.
D'une part, l'ambitus du chant diphonique est plus restreint
que celui du chant normal. D'autre part, en théorie,
le chanteur choisit la tonalité qu'il veut entre DO2
et DO3. En pratique, il réalise instinctivement
un compromis entre la clarté de la deuxième
voix et l'ambitus de son chant - le choix de la tonalité
étant également fonction de la pièce
musicale à exécuter. En effet, si la tonalité
est élevée, par exemple, DO3, le choix des harmoniques
est restreint, mais la deuxième voix est très
claire. Dans le cas d'une tonalité en DO2, la deuxième
voix est plus confuse, alors que l'ambitus est maximum. La
clarté des sons peut s'expliquer par le fait que dans
le premier cas, le chanteur ne peut sélectionner qu'un
harmonique, alors que dans le deuxième cas il peut
en sélectionner presque deux. Pour la question de l'ambitus,
je sais que l'excursion des résonateurs buccaux est
indépendante de la tonalité des sons émis
par les cordes vocales, autrement dit, le chanteur sélectionne
toujours les harmoniques dans la même zône du
spectre que ceux-ci soient écartés ou resserrés.
De tout ceci résulte que le chanteur choisit la
tonalité instinctivement pour avoir l'ambitus maximum
et le maximum de clarté. Pour moi, le meilleur compromis
se trouve entre DO2 et le LA2. Je peux ainsi obtenir entre
une octave et une quinte juqu'à deux octaves d'ambitus."
Pour en savoir plus sur les différentes techniques
de chant khoomei, voir le site de Mr. Trang Quang Hai à
l'adresse suivante: http://www.phapviet.com/~tranquanghai/france/diphonie.htm
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