Nous débarquons au Caire (voir photo d'un des lions à
l'entrée du pont El Tahrir ci-dessous) le jeudi 5 décembre
à 19h35, nous achetons aussitôt nos visas de tourisme (15US$
par personne)
mais ce n'est que vers 21h00 que nous sortons de l'aéroport (merci
à ces chers douaniers qui ont presque mis 2 heures avant de bien
vouloir tamponner nos visas). Grâce à la rapidité
d'exécution de ces derniers, le cargo village (endroit où
60 kilos de nos bagages, acheminées par fret, se trouvent) est
désormais fermé. D'autant plus que c'est l'Aïd, ce
qui signifie que le cargo village ne rouvrira pas ses portes avant lundi.
Pour résumer la situation, nous voilà donc lâchés
dans une ville tentaculaire avoisinant les 17 millions d'habitants,
sans avoir de quoi se laver, se coucher, se changer... (nous avions
uniquement pris dans l'avion nos sacs de randonnée contenant
tout le matériel audiovisuel, le PC portable, et nos deux vélos).
C'est donc à l'hôtel que nous passons notre première
nuit dans la capitale (monnayant 50 livres egyptienne, soit un peu moins
de 15 euros). Le lendemain matin, nous quittons l'hôtel et nous
nous rendons tout de même au cargo village (on nous avait dit
la veille qu'il y avait un mince espoir pour que l'entrepôt soit
ouvert), espoir qui s'envole bien vite, hélas pour nous!! L'aéroport
se trouvant à une trentaine de kilomètres de notre lieu
de départ, la journée est bien déjà bien
avancée lorsque nous sommes de retour au Caire pour manger. Nous
prenons la décision de ne pas passer une nouvelle nuit à
l'hôtel, mais avant de trouver un coin paisible pour dormir à
la belle étoile, il nous faut au préalable sortir de ce
véritable enfer urbain à la circulation dense et anarchique,
et également échapper à la vigilance de l'impressionnant
dispositif des forces de l'ordre qui sont présents à chaque
coin de rue (en Egypte, le camping sauvage est interdit !). Plus facile
à dire qu'à faire!! En fait, à chaque fois qu'un
lieu semble convenir, évidemment, il y a un policier à
proximité susceptible de nous repérer et de nous refouler
gentiment, au nom de notre sécurité, bien sûr! Nous
roulons donc deux bonnes heures (sans pour autant réussir à
sortir de ce labyrinthe) avant de trouver la "terre promise",
qui se présente à nos yeux sous un des grand ponts autoroutiers,
dans une petite cuvette nous protégeant ainsi des regards indiscrets.
Le
lendemain matin, nous nous dirigeons vers le site de Guizah et y admirons
les grandes pyramides, et le sphinx (voir photos ci-contre): Pour information,
la grande Pyramide de Khéops serait un assemblage de 2,5 millions
de blocs, soigneusement ajustés sur une hauteur de 137 mètres.
Initialement, la construction atteignait 146 mètres avec, au
sommet, un pyramidion de granit taillé d'une seule pièce.
Chaque bloc pèse en moyenne 2,5 tonnes. A sa base, la pyramide
mesure 230 mètres de côté.
Les
deux autres sont les pyramides de Khéphren (136 m de hauteur
contre 143 à l'origine, 210 m de côté), et de Mykérinos
(66 mètres de haut, 108 de côté). Quant au Sphinx,
mi-homme mi-félin, représenté sous les traits du
roi Khéphren, frère et successeur de Khéops , il
servait de gardien du temple face aux éventuels pillards. Sa
longueur totale est de 57 mètres, et sa hauteur, de face, est
d'environ 20 mètres. (informations ci-dessus citées du
guide "Petit Futé" pour l'Egypte).
Suite à l'expérience de la veille, nous savons désormais
qu'il faut rouler un petit moment avant de trouver un endroit convenable
pour dormir. Cette fois ci, c'est aux abords d'une bananeraie que nous
nous endormons, et ce, très difficilement, les moustiques étant
d'une ténacité particulièrement redoutable, bien
plus que la veille au soir (proximité de la bananeraie oblige).
Au petit matin, nous sommes tout deux couverts d'au moins une bonne
cinquantaine de piqûres, et n'ayant pas envie de renouveler l'expérience
une nouvelle fois, nous décidons donc de passer la prochaine
nuit à l'hôtel.
Lundi 9 décembre: c'est le jour où nous récupérons
nos affaires qui se sont fait tant désirés lors de nos
2 nuits à la belle étoile. Nous sommes sur place vers
9h du matin. 15 bureaux et 4 heures de procédures administratives
plus tard (moult papiers à remplir (en arabe SVP) puis à
faire signer, tamponner,... et puis il faut bien sûr payer les
fameux bakchichs et les différents droits de douane! Sans guide
égyptien (qu'il faut ensuite payer pour le "service"),
c'est absolument impossible ! Même les locaux s'y perdent !),
nous pouvons enfin récupérer nos bagages. Quel soulagement!!
Le lendemain, nous prenons le train pour rejoindre Sara, une amie française
rencontrée via l'internet et résidant à Luxor depuis
plus de 8 ans (elle est marié à un égyptien). Nous
arrivons au petit matin et prenons notre petit déjeuner dans
son restaurant: "Le Maxime". Au menu, un repas pantraguelique
avec des spécialités égyptiennes: le foul (purée
de fêves qui reste au moins 6 heures dans l'estomac!), des taamiyras
(délicieux beignets avec à l'intérieur de la purée
de fêves, ce plat porte également le nom de falafel) et,
"pour ne pas trop nous dépayser" (citation de Sara)
des frites avec une bonne omelette au fromage !
C'est donc le ventre bien plein que nous visitons le temple de Karnak
(voir photo ci-contre de la fameuse "allée des sphinx")
ainsi que les souks de la ville. Le lendemain, nous laissons nos vélos
au Nubian shop (petit "supermarché" appartenant à
l'oncle du mari de Sara; nous y passerons plusieurs nuits dans une salle
vide mise à notre disposition (future extension du magasin))
pour faire une randonnée sur l'autre rive du Nil, où se
trouve un des site les plus exceptionnel d'Egypte. Nous visitons alors
le temple de Ramses II (voir photo hyeroglyphes ci-dessous (en haut
à gauche)), puis celui d'Hatchepsout (voir
photo ci-dessous (en haut à droite)) avant d'entamer une belle
ascension pour pouvoir contempler dans son ensemble la vallée
des rois, des reines et la nécropole de Thèbes (voir photos
ci-dessous (en bas: vallée du nil et montagnes surplombant la
vallée des rois)).
Le soir venu, un programme exceptionnel nous attend: nous partons avec
Sara et ses 3 enfants chez Abu Sadat (littéralement "père
de Sadat"; les égyptiens changent de nom après avoir
eu leur premier garçon) pour un "repas-spectacle" de
toute beauté: Après un numéro de magie, nous avons
droit à un concert de musique traditionnelle Saïdi (nom
des égyptiens du sud du pays).
Une danseuse du ventre puis un derviche tourneur (appelés "Tanoura"
en Egypte) accompagnent tour à tour les musiciens. L'orchestre
est composé de trois Rababas, une darbouka et d'un daf.
Ces musiciens sont des professionnels et font tous partie de la même
famille. Ils réalisent très souvent des tournées
en Europe afin de partager leur art à l'étranger. Parfois,
ces tournées sont même l'occasion d'échanges entre
musiciens de différentes cultures.
Pour écouter une partie d'un des morceaux, cliquer ici
Pour
voir un incroyable solo de darboukka avec daf et danseuse, cliquer ici
(2min45, 3,69mo, vidéo au format DivX 5.01 (on peut facilement
(et gratuitement!) télécharger le dernier codec DivX sur
le site divx.com)
Pour voir
une partie du numéro du derviche avec les musiciens, cliquer
ici
(2min, 2,99mo, vidéo au format DivX 5.01).
Note
sur les vidéos: ayant pitié des pauvres internautes
possédant un simple modem 56KO, nous avons décidé
de compresser les vidéos AU MAXIMUM, donc l'image et le son perdent
(forcément) en qualité...)
Après ce concert époustouflant, nous dégustons
un repas typique égyptien, avec de la mouloukhia égyptienne
(meilleure que son homologue tunisien, ça fait beaucoup penser
au beurre d'escargot), de la Tabir (avec des morceaux de viande et de
l'okra, le tout baignant dans une sauce tomate). Vient ensuite
le tour des pâtisseries locales : la basboussa (gâteau de
semoule arrosée de sirop), le knafa (vermicelles arrosées
de sirop). Enfin, le ventre prêt à exploser et la tête
pleine de musique, nous rentrons chez Sara vers 11 heures du soir. Cette
soirée restera à tout jamais gravée dans nos mémoires
tant nous avons fait de merveilleuses découvertes. Découvertes
à la fois musicale, gastronomique et culturelle, vivant alors,
pour une soirée, le quotidien de cette famille de musiciens.
Celle-ci nous fut gracieusement offerte par Sara et nous lui en serons
à tout jamais reconnaissant; sans elle, nous n'aurions jamais
assistés à toutes ces merveilles, un grand merci, donc
!
Vendredi 13: nous partons avec Sara et les enfants pour faire une visite
des jardins de l'hôtel Mövenpick, où l'on peut contempler
la faune et la flore Egyptienne :
Nous y découvrons des flamboyants, des bombax (au tronc bombés,
recouverts de piquants et aux fleurs magnifiques (voir photo ci-dessus
(à gauche)), des eucalyptus, de l'hibiscus (à partir duquel
les égyptiens préparent une boisson absolument délicieuse
qui a pour nom le carcadet, voir photo ci-dessus (à droite)),
la jacinthe d'eau ("la plaie de l'Egypte": cette dernière
retient les eaux du Nil en créant des sortes de barrages naturels
(voir photo ci-dessous (à droite))... Côté faune,
il y a énormément d'oiseaux vivant aux abords du Nil,
dont le martin pêcheur, la huppe (voir photo ci-dessous (à
gauche)), l'ibis blanc (voir photo ci-dessous (à droite)), le
vanneau ainsi que le héron gris. Encore une fois merci Sara pour
cette balade enchanteresse (et aussi pour les succulentes glaces à
la mangue du Mövenpick), nous avons adorés!
Les
jours suivants, nous décidons de rouler afin de rallier Aswan,
distante de 210 km de Luxor. Là encore, la police touristique
est omniprésente le long de la route (environ 15 barrages séparent
les 2 villes), celle-ci nous forcera d'ailleurs à faire demi-tour
après Isna afin de rejoindre l'autre rive du Nil que nous avions
quitté 1 heure plus tôt (soit 40 km aller-retour pour rien).
C'est également "grâce à eux" que nous
pulvériserons le record de la plus grande distance parcourue
en une seule journée, soit 115 km, dont 50 km escortés
de nuit pour être sûr que nous ne planterions pas la tente
ce soir là. Finalement une fois arrivés à Kom-Ombo
(à 50 km d'Aswan, la ville est principalement peuplée
de Nubiens, chassés de leurs terres par l'édification
du haut-barrage), la police touristique locale nous autorise à
planter tout de même la tente...à côté de
leur bureau!!! Une fois la tente installée, une douce mélodie
parvient jusqu'à nos oreilles.
C'est en fait un groupe folklorique Saïdï qui joue dans un
café "à touristes" au pied du temple de Sobek
et d'Haroesis situé à 100 mètres de là.
L'ensemble se compose d'une darboukka, d'un bendir et de quatre rababas.
Soit un total de sept musiciens (dont presque tous chantent en accompagnement,
voir photo ci-dessus). Ce groupe folklorique se produit uniquement pour
les clients du café (monnayant quelques livres égyptiennes).
Ils nous laissent très gentiment les filmer puis nous passons
toute la soirée en leur compagnie (le patron du café (Mustapha)
parle très bien l'anglais, ce qui facilite alors le contact avec
ces musiciens (Hassan, Abdou, Nagaar, Abashi, Soumdoul, Adora, Abdel
Azziz (chef de groupe, voir photo ci-dessus) et Shadli). Un d'entre
eux (voir photo bendir dans la rubrique "le coin du musicien")
doit avoir environ 13 ans et joue magnifiquement de la darboukka et
du bendir.
Vous pouvez les écoutez en cliquant sur ce lien:
A Aswan, nous visitons les souks, la corniche (vue absolument splendide
sur l'autre rive du Nil, voir photo des tombes des nobles ci-dessus)
ainsi que le haut barrage (là encore la police touristique nous
joue un mauvais tour : 13 kilomètres séparent Aswan du
haut barrage, et à un moment donné, il y a un pont de
500 mètres à parcourir. On nous fait comprendre que nous
n'avons pas le droit de rouler sur le pont à vélo, mais
après le pont oui!! Du coup, nous sommes obligés de faire
du stop pour franchir ce dernier. voir photo du lac Nassar ci-dessus))
Après cette visite, nous revenons à Luxor en train (3
heures de trajet). Nous passons 2 nuits supplémentaires au Nubian
Shop, profitant de l'occasion pour écrire les carnets de route
et des cartes de voeux. Pour la suite de notre périple égyptien,
nous décidons d'aller voir la mer rouge afin d'y découvrir
ses fameux fonds sous-marins. C'est alors non sans regret que nous quittons
Sara , Mahmoud (son mari), leurs enfants Ahmed, Sayed et Valentin ainsi
que leur famille du Nubian Shop, prenant le bus direction Safaga (220
km parcourus). Après une journée dans cette petite ville
de pêcheurs, nous rallions Hurghada à bicyclette. Hélas,
ce haut lieu du tourisme égyptien n'est pas à la hauteur
de nos espérances. En effet, toutes les plages de la ville sont
réquisitionnées par des hôtels "bourges"
et presque toutes les boutiques ont des prix "spéciaux pour
touristes" (parfois jusqu'à 400 % d'augmentation !). De
ce fait, nous partons vers Ras Gharib (ville vivant de l'extraction
pétrolière située à 150 km au Nord d'Hurghada)
pour y retrouver notre tranquillité loin de tous ces "vampires
à touristes". La route pour rejoindre cette ville est magnifique
(d'un côté la mer rouge, de l'autre, les montagnes du désert
égyptien; voir photos ci-dessous).
Malheureusement, un très fort vent de face ralentit considérablement
notre progression, nous contraignant à prendre un minibus pour
les 100 derniers kilomètres afin de passer Noël tranquillement.
Ras Gharib (prononcez Ras Ralib en arabe (avec le 2ème R roulé
svp, sans quoi on ne vous comprendra pas; ce fameux R nous a d'ailleurs
causé beaucoup de difficultés)) nous plaît beaucoup
plus qu'Hurghada.
Ici, pas d'hôtels, aucun produit sur-évalué et surtout
une vue exceptionnelle sur le Sinaï, situé à 25 km
de là (voir photo ci-dessus). Malgré la pollution engendrée
par l'extraction pétrolifère, les fonds sous-marins conservent
tout leur éclat (peut-être un peu moins de poissons ?).
L'eau y est d'une clarté exceptionnelle et nous pouvons y voir
de magnifiques coraux, des bancs de poissons de toutes tailles adoptant
multiples formes et couleurs, de nombreux oursins et même quelques
crabes (il faut faire attention où l'on met les pieds !). Extraordinaire
! Hélas, pas de photos ni de vidéos possible (pour avoir
un ordre d'idée sur ces merveilles, nous joignons à ce
carnet un photo de coraux (issue de l'encyclopédie encarta 98),
voir photo ci-dessus). Nous resterons 3 jours dans cette ville paisible
afin de profiter un maximum de la mer rouge. C'est donc sous la tente
que nous passerons Noël avec un repas local composé de fallafels
(voir composition au début du carnet) mais aussi avec un boîte
de foie gras gracieusement offerte par Sara (un grand merci à
elle!). De plus, pour l'occasion, nous avions pu dégoter un peu
d'alcool (du whiskey et de la bière) acheté dans une boutique
très bien cachée rappelant quelque peu la période
de la prohibition. Un Noël pas comme les autres donc, mais nous
n'avons aucun regrets.
Après
ces 3 jours "de congé", nous quittons Ras Gharib pour
Suez (trajet effectué en bus) en quête d'un bateau pour
l'Inde. Le soir de notre arrivée, nous trouvons un véritable
coin de paradis pour poser notre tente. Nous nous installons à
10 mètres de la mer sur la terrasse d'une maison abandonnée
(voir photo ci-contre). Malheureusement, deux militaires ratissent la
plage et nous trouvent, suivant les traces laissées par nos vélos
(l'un deux était "armé" d'un cintre; cela change
de l'éternel fusil!) ). Se déroule alors un dialogue de
sourds (ils ne parlent pas l'Anglais et nous très peu l'Arabe)
au bout duquel nous obtenons l'autorisation de "squatter".
Une nuit délicieuse bercés par le doux bruit des vagues
(cela nous change des klaxons des voitures !). Le lendemain, à
notre grand désarroi, dans les agences de "Shipping"
de Suez, nous apprenons qu'il n'existe que des bateaux cargos reliant
les Indes, ceux-ci n'embarquant pas de passagers. On nous conseille
tout de même d'allez voir à Port Saïd (160 km au nord)
où peut-être trouverons-nous ce que nous cherchons. Nous
décidons donc de continuer nos recherches et rallions Port Saïd
à vélo (3 jours de voyage).
Coucher
de soleil peu avant Port Saïd
Hélas,
une fois arrivés (ci-contre, mosquée de Port Saïd),
nous faisons "chou blanc" pour la même raison qu'à
Suez. Obstinés, nous allons voir au "yacht club" si,
par hasard, un voilier se rendant aux Indes ferait escale dans le port.
Encore une tentative infructueuse puisque seulement 3 yachts sont présents
dans le port et aucun ne va en Inde. C'est donc en avion que nous nous
rendrons en Inde (avec cette fois-ci, nous l'espérons, moins
d'ennuis pour récupérer nos bagages à l'arrivée).
Petite consolation tout de même, le prix du billet d'avion est
inférieur à celui prévu dans notre budget (220
€ économisés sur chaque billet). Le soir de notre
arrivée coïncide avec le réveillon du nouvel an.
Malgré ça, nous prévoyons de passer la soirée
sous la tente (pour changer !) et nous décidons de visiter quelque
peu la ville avant de chercher un endroit où dormir. Nous nous
rendons alors dans un bistrot populaire où nous nous amusons
beaucoup en compagnie d'égyptiens autour d'une bonne chicha.
Ensuite, nous longeons la plage pour trouver un endroit propice pour
poser la tente. Nous trouvons notre bonheur à quelques kilomètres
du centre ville lorsque, à peine les vélos posés,
deux militaires débarquent. Se déroule alors la même
situation qu'à Suez et ils finissent par accepter de nous laisser
dormir sur place. Hélas, ils ne sont pas les seuls à patrouiller
dans le secteur et, une demie-heure plus tard (9h30), c'est un policier
et un militaire, qui nous trouvent. Cette fois-ci, pas moyen de convaincre
ce policier zélé de nous laisser en paix. Au contraire,
nous sommes pris à notre propre jeu. Le policier prend nos passeports
pour un contrôle "rapide". Résultat des courses,
nous serons obligé d'attendre deux heures avant de pouvoir récupérer
notre bien, passant en revue tous les militaires du coin (dont 3 "grands
chefs") et même le "chef suprême" de la police
locale. Celui-ci nous reçoit dans son bureau (quel honneur !),
puis nous fait attendre 15 minutes (soit environ 100 signatures de rapport
plus tard !) pour enfin nous nous accordez une minute de son temps.
Il nous demande notre nationalité puis nous dit que nous pouvons
nous en aller, insistant sur le fait que c'est interdit de dormir sur
les plages égyptiennes (ce que l'on savait dès l'instant
où ils ont prit nos passeports). A part ça, on est les
bienvenus (c'est des comiques !)). Enfin tout cela n'est pas bien grave,
puisque cette petite incartade nous a permit de "tenir" jusque
minuit et puis ça fait de ce réveillon, un réveillon
INOUBLIABLE).
Le lendemain, nous décidons, afin d'éviter de retourner
sur nos pas (jusque Ismaïlia), d'emprunter un autre itinéraire
pour rejoindre Le Caire, traversant ainsi le delta du Nil (Damiette
(Dumiat en arabe), El Mansura, Tanta, Le Caire. Voir photos ci-dessus).
Durant ce trajet, nous découvrons une Egypte au visage totalement
différent, bien loin des hauts lieux du tourisme. Tous les jours,
nous faisons des connaissances et lions des amitiés. Peu de mots
échangés, mais des instants qui font chaud au coeur tant
la générosité des égyptiens est grande.
Quelques exemples: nous nous arrêtons pour prendre une photo
d'un complexe pétrolier et nous sommes immédiatement invités
à partager un repas par des égyptiens travaillant sur
le chantier juste à côté.
Dans le même contexte, nous visitons le domaine d'une famille
de paysans, prenant alors, en photo toute la famille et tous leurs arbres
fruitiers (voir photos ci-dessus). Nous repartons ensuite les poches
pleines d'oranges et de clémentines.
Enfin, alors que nous plantons la tente sur le terrain nu d'un paysan.
Mohammed, le fils du propriétaire du terrain arrive et nous donne
l'autorisation de dormir sur place.
Le lendemain, à peine réveillés, il nous invite
chez lui. Après nous avoir offert un déjeuner puis un
repas gargantuesque (voir photo ci-dessus (de gauche à droite,
Benoît, le père de Mohammed (portant le costume traditionnel
égyptien, la Galabya), Nasr et Mohammed), il nous fait faire
le tour de la ferme puis de son quartier, nous présentant nombre
de ces amis et toute sa famille (ci-dessous,
photos de la nièce de Mohammed dans les bras de Julien et mère
de Mohammed (elle porte elle-aussi, la Galabya) préparant le
pain dans le four traditionnel en torchis).
Bien que parlant seulement quelques mots d'anglais, nous arrivons à
nous comprendre. De plus, la communication est facilitée car
un de ses amis, Nasr, a fait des études d'anglais.
Mohammed est ravis de nous faire découvrir son quotidien et dans
l'après-midi, Julien va couper du fourrage pour les buffles en
sa compagnie pendant que Benoît joue au football avec Nasr et
les jeunes du quartier. Le
lendemain matin, nous sommes réellement désolés
de devoir quitter cette famille si hospitalière, Mohammed insistant
toujours pour nous retenir.
Nous continuons notre route car nous devons nous dépêcher
d'atteindre Le Caire où un colis nous attend, d'autant plus que
notre visa arrive bientôt à son terme.
Nous arrivons au Caire 2 jours plus tard sans recontrer de grosses difficultés,
si ce n'est un peu d'appréhension de revenir dans cette ville
absolument gigantesque.
Les journées au Caire se suivent et se ressemblent: au programme,
- recherche désespérée du colis qui est
arrivé dans la capitale le 27 décembre et dont la poste
ne sait rien. Nous perdons énormément de temps à
visiter différentes postes (avec à chaque fois au moins
1 ou 2 heures d'attente pour nous dire qu'ils ne l'ont pas !)! Nous
sommes stupéfaits lorsque nous apprenons (grâce à
nos parents qui ont harcelés les postes françaises pour
savoir où il se trouvait) qu'il ne se trouve dans aucune poste
mais qu'il est en fait toujours à Paris sous la responsabilité
d'une société appelée Midex. La procédure
étant la suivante: Midex France (basée à Paris)
examine le contenu des colis puis les stockent en attendant le destinataire
viennent les réclamer dans l'agence du pays concerné (cette
procédure permet d'éviter d'avoir à payer des frais
de stockage pour les colis). Ensuite, pour prévenir les destinataires,
une notice d'information leur est envoyée, et dans notre cas,
la poste centrale a égaré cette notice (d'où nos
démarches infructueuses)! Tout est bien qui finit bien puisque
nous avons retrouvé ces précieux colis (contenant notamment
notre traitement anti-paludéen et les cartes de l'Inde). Nous
devons payer alors pour dédouaner les colis et attendre 7 jours
de plus le temps qu'ils arrivent à l'aéroport (110 livres
en tout, soit environ 25 €).
Note sur les postes égyptiennes: ici, en Egypte, les postes
sont très bien organisées ! En effet, tout le système
de classement de la poste centrale du Caire est manuscrit ! Il n'y a
aucun ordinateur dans cet énorme bâtiment de 9 étages.
Résultat: une pile de registres assez époustouflante et
tout un tas de fonctionnaires, ceux-ci étant particulièrement
attentionnés et disponibles. Après avoir constaté
leur manière de travailler, nous ne sommes pas trop étonnés
de ne pas retrouver nos colis dans tout ce capharnaüm. 2 exemples:
alors que nous sommes dans la poste depuis plus d'une heure à
"voguer" de bureaux en bureaux, nous arrivons enfin devant
la personne qui pourra nous renseigner. Celle-ci (à la demande
de son chef) cherche alors la trace de nos colis dans ces registres,
et ce, avec un rythme d'environ une page par minute ! En effet, elle
doit gérer environ 3 choses en même temps: la préparation
du thé, la discussion passionnante avec sa voisine et le colis
de deux pauvres Francaoui (en arabe) ! Recherche tellement attentionnée
que l'on nous fait une fausse joie en confondant le nom Noël avec
le nom Martin (c'est vrai que cela se ressemble beaucoup...). Autre
exemple, nous passons à tout hasard au bureau des douanes (toujours
pour la même raison) et nous voyons avec quel soin on y ouvre
les paquets. Ils sont tellement perfectionnistes que nous voyons environ
4 postiers s'amuser comme des petits fous en testant un tensiomètre
électronique (et cela leur prend 1/2 heure!). Le tout, sous les
eux de leur chef, qui, magnanime, ne dit rien. Pour lui, ce n'est qu'une
journée banale, en somme...
A cause de la perte de temps engendré par la recherche du colis,
nous avons été dans l'obligation de prolonger nos visas
(prolongation de 6 mois pour 11 livres !), notre avion ne décollant
que le 28 janvier, soit 6 jours après leur date d'expiration.
Pour meubler cette longue attente, nous avions prévu de rejoindre
Alexandrie. Mais un contretemps vient perturber notre escapade: Benoît
est victime d'une collision avec un minibus (transport en commun égyptien;
très peu cher). En plein dépassement, le chauffeur a tourné
brusquement à droite sans regarder ses rétroviseurs. Cette
collision a très faible vitesse est sans gravité d'un
point de vue physique, mais assez grave au niveau matériel :
la jante de la roue arrière est fendue sur 2 cm et risque de
casser si nous n'en changeons pas rapidement. La seule solution que
nous trouvons est de changer la roue en entier (le moyeu dont nous sommes
équipés convient pour une jante 32 rayons, introuvables
en Egypte). Nous n'avons plus qu'à croiser les doigts pour que
cette nouvelle jante "tienne la route" jusqu'en Thaïlande
où nous pourrons alors changer cette "roue de secours"
pour une plus solide (en Inde, le matériel vélo est, à
priori, très médiocre).
-
organisation du transit pour l'Inde : visite de nombreuses
agences de voyage afin de trouver un bon prix, ainsi qu'au cargo village
pour connaître les conditions d'envois et de facturation pour
le fret aérien (Au delà d'un certain volume, ce n'est
plus le poids qui est pris en compte mais le volume lui même:
Par exemple, nos deux vélos pèsent au total 35 kilos et
nous devons payer pour les expédier le prix pour 100 kilos (volume
du carton où nous les rangeons)). Nous prenons donc la décision
de les expédier par fret, cette solution revenant beaucoup moins
cher (environ 700 livres, contre 3000 livres pour les prendre avec nous
dans l'avion. le calcul est vite fait...). De ce fait, nos vélos
partent le 26 pour l'Inde, et nous le 28. Ainsi, nous pourrons normalement
récupérer nos précieux vélos le 29 au matin.
Cette situation est tout de même un peu dur à gérer:
il est très difficile pour nous de se déplacer avec autant
de bagages (7 sacs chacun, soit 45 kilos à transporter). Aussi,
chercherons-nous un endroit où poser notre tente dans les environs.
Malheureusement pour nous, les abords de l'aéroport regorgent
de policiers et de zones militaires. Pas facile donc, mais la chance
est (de nouveau !) avec nous et nous trouvons un endroit parfait pour
nous installer à seulement 1 kilomètre et demi de l'aéroport
dans une sorte de grand terrain vague juste en face de la zone hyper-militarisée
de l'aéroport (le gardien est très gentil et, bien que
ne parlant pas anglais, il nous laisse planter la tente durant 3 jours).
Heureusement pour nous, car avec nos 35-40 kilos de bagages chacun,
notre mobilité est assez réduite (1 pause tous les 500
mètres environ) sans nos précieuses bicyclettes !
Concernant les cartons nous permettant d'emballer nos bicyclettes, c'est
Ahmed (un ami égyptien s'étant inscrit à Cyclo
Accueille Cyclo (dispositif de Cyclo Camping International)) qui c'est
très gentiment chargé de nous les procurer. Ce dernier
a fait le tour de son pays natal à vélo, qu'il connaît
par conséquent "comme sa poche". C'est sur ses conseils,
que nous avions décidé de rejoindre Alexandrie. Il nous
donnera également l'adresse d'un bon réparateur au Caire
afin de trouver une jante de bonne qualité; il nous accompagnera
même sur les lieux afin de nous servir d'interprète. Un
grand merci à lui pour sa disponibilité et ses conseils.
-
prise du visa indien, après 6 passages au consulat et
11 jours d'attente. Pour une personne, le visa touristique coûte
184 livres, plus 15 livres de frais de dossier.
Sur
le plan musical, nous profitons de ce long temps d'attente
pour poursuivre nos recherches de musiciens:
A la citadelle du Caire (voir photo du fort Ras El Barr ci-contre),
nous avons assisté, par deux fois, à un magnifique show
de danses soufies appelé "El Tanoura".
Ce show, gratuit (gracieusement offert par le ministère de la
culture égyptien), est interprété par la troupe
"El Tanoura pour l'héritage culturel" (cette troupe
a réalisé ce show dans plus de 30 pays).
"Il consiste en 3 parties:
- l'introduction est une démonstration des différents
musiciens et de leurs instruments (avec de nombreux solos illustrant
leurs diverses sonorités).
- la danse de présentation est un échauffement de manière
à introduire les danseurs.
- finalement, arrive la danse Tanoura Soufie (appelée danse des
derviches)
SUITE
>>
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