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Carnets de route "Peuples et Musiques"
Tunisie


Le 12 décembre 2002

      Le 9 novembre, nous devions prendre le ferry Marseille-Tunis avec un départ prévu à 11h30 (embarquement vers 9h30). Nous nous levons donc aux aurores (7 heures) pour arriver à temps à Marseille pour l'embarquement. La SNCM (Société Nationale Corse Méditerranée) annonce alors que le ferry sera en retard dû à une avarie du bateau. L'embarquement est alors repoussé à 11h00, puis à 14h00 et enfin à 17h00. En réalité, il nous faudra attendre jusqu'à 2h00 du matin pour finalement prendre pied sur le navire.
Petite anecdote au passage: au moment d'embarquer, quelques tunisiens, forts mécontents du retard pris par le navire (il y a de quoi après 14h30 d'attente!), décident de bloquer l'accès au ferry afin d'obtenir un dédommagement pour l'attente. Or, aucun responsable n'étant présent et la situation s'enlisant, nous manifestons alors haut et fort notre volonté d'embarquer malgré tout (nous aussi nous étions à bout de nerf). Cela nous vaut la remarque suivante: "Si vous continuez, on jette vos vélos à la mer !". A 2 contre 50, pas facile de faire valoir notre opinion (en réalité, quasiment tous veulent embarquer mais ils dorment tranquillement dans leur voiture en attendant que ça se calme). Finalement, un pseudo-responsable arrive et entraîne les manifestants avec lui, libérant alors l'accès au quai. Une autre personne vient aussitôt après et nous fait signe d'avancer, la voie étant enfin libre!. Quel beau complot de la part de la SNCM qui semble habituée à gérer ce genre de situation quelque peu tendue ! (Nous apprendrons par la suite que la police attendait les manifestants plus loin afin des les maîtriser.)
Une fois installés (enfin!), un message nous parvient: le ferry partira vers 2h30. Dans les faits, c'est vers 4h20 que nous quittons Marseille (soit au total 17h20 de retard sur l'horaire prévu). Aucun geste commercial ne sera concédé et aucun responsable ne viendra s'excuser auprès de nous ! Conclusion de tout ceci: nous ne prendrons plus jamais de ferry de la SNCM ! Ils abusent vraiment de leur monopole (prenez plutôt l'avion, qui revient moins cher, surtout en basse saison. Pour les automobilistes, poussez jusque Gènes (Italie), où deux autres compagnies (Grandi Traghetti & Minoan Line et la CTN (Compagnie Tunisienne de Navigation)) gèrent ce transit.)
Notre coup de gueule terminé, nous pouvons continuer le carnet de route, avec, tout d'abord, une présentation du Ramadan, puis de la gastronomie Tunisienne, et enfin de notre aventure proprement dite:

Présentation du Ramadan:
Notre arrivée en Tunisie coïncide avec la période du ramadan, pendant laquelle tous les musulmans pratiquent le jeûne (ni nourriture, ni eau, ni cigarettes, et ce, du lever ("Souhôur", début du jeûne) jusqu'au coucher du soleil ("Chakan el Fater", rupture du jeûne)). Le fait de pratiquer le jeûne fait partie d'une symbolique bien particulière. En effet, durant cette période, chaque musulman, ressentant la faim et les privations, peux ensuite mieux comprendre ce qu'est la pauvreté et ainsi agir plus humblement envers son prochain. Le ramadan dure entre 29 et 30
jours (cette année, il a lieu du 6 novembre au 5 ou 6 décembre. Il se décale 10 jours plus tôt tous les ans) en fonction du cycle lunaire. L'apparition du premier quartier ("Aïd el Fitr" en arabe, premier jour du mois de Shaouel) marque la fin du ramadan (l'aïd en arabe). C'est alors le début d'une grande fête qui dure 3 jours entier (congés pour tous). Pendant cette fête, on rend visite à sa famille et à ses amis (sans oublier d'apporter les incontournables sucreries de l'aïd (voir partie gastronomie), enfin, certains choisissent ce moment pour leurs fiançailles. L'aïd, c'est également la fête des enfants (ceux-ci ne pratiquant pas le jeûne et profitant tout de même des délicieuses sucreries Tunisiennes. De plus, c'est à cette occasion qu'on leur offre de nouveaux habits et des jouets.)

Le ramadan, c'est surtout un mois de prière et de recueillement (dans le culte de l'Islam, il y a 5 prières par jour suivant la position du soleil: "Sebah" (lever du soleil), "Dhohr" (soleil au zenith), "El Asser" (entre 15 et 17 heures), "El Magreb" (coucher du soleil; prière qui marque le moment de la rupture pendant le ramadan) et "El Icha" (une heure et demi après la rupture). Chaque jour du ramadan, un peu plus de deux "haizbs" (chapitres) du Coran sont récités (60 haizbs composent le Coran). L'objectif final sera de réciter tout le Coran pendant les 26 premiers jours du ramadan (prières ettaraouih). La nuit du 27ème jour, il y a les cérémonies de la circoncision, des fêtes...

La veille du 15ème jour et du 27ème jour, le plat consommé par tous est le couscous.
Le 2ème jour du 3ème mois après le ramadan (2 mois et 10 jours après Aid el Fitr), c'est Aid el Khebir (le sacrifice du mouton).

De notre côté, par respect pour les musulmans, nous devons nous cacher au maximum de la population lorsque nous mangeons avant la rupture. Il y a tout de même des restaurants pour touristes qui sont ouverts du temps de midi ainsi que quelques gargottes où certains Tunisiens, qui ne pratiquent pas le jeûne (ils sont très minoritaires), viennent manger en cachette. Nous essayons de manger dans ces dernières la plupart du temps par soucis d'économie et aussi d'immersion culturelle.

Gastronomie Tunisienne:
Les plats
principaux de la cuisine Tunisienne sont les suivants:
- la Shorba
(prononcez tcholrba, voir photo ci-contre) est une soupe constituée de pois chiche, de viandes (mouton, poulet) ou de poisson, d'épices (piments séchés puis broyés et harissa), et enfin de céréales (orge, blé) ou de très petites pâtes.
- la salade Tunisienne, salade assez classique constituée de salade verte ou grillée, de tomates, d'oignons, d'olives, et d'autres ingrédients différant selon les cuisiniers(ières).
- le Mloukhia (prononcez mlouria), un plat assez long à préparer (4h de préparation) difficile à décrire (et à manger). En gros, c'est de la viande hachée de boeuf, mixée avec une plante s'appelant Mloukhia, puis on baigne le tout dans l'huile d'olive et on ajoute divers ingrédients au choix (par exemple, des tomates), sans mettre du sel.
- le Hergma, un plat composé de viandes de tête et de jambes (de boeuf ou de mouton). C'est très gras et nous n'aimons pas trop (Note pour les plus de 18 ans: c'est un très bon régénérateur de spermatozoïdes (il donne beaucoup d'énergie), selon Amor qui est médecin de son état.

- le Brik (prononcez blrick, voir photos ci-contre pour la préparation et ci-dessus pour l'aspect final) est composé de pommes de terres cuites puis broyées, d'oeufs, ensuite on ajoute divers ingrédients de thon et/ou de la viande, du persil,... Cette garniture est ensuite enroulée dans une sorte de crêpe et on fait frire le tout dans l'huile. Servir avec un quartier de citron. Ce plat remporte la palme d'or (à notre sens) des plats tunisiens (avec le couscous et le tajine tunisien).

- le Tajine Tunisien, sorte de galette avec de la viande et du poisson, de l'oeuf, de la pomme de terre cuite. Puis le tout est baigné dans le safran, puis mis au four.
- le Couscous (voir photo ci-dessus), plat international aux milles et une recettes.

Pendant le ramadan, il y a un ordre bien particulier pour les différents plats constituant le repas des Tunisiens. On commence par des dattes avec du lait, puis on boit la Shorba, et enfin on déguste les autres plats.

Pour terminer cette parenthèse culinaire, voici quelque unes des délicieuses sucreries Tunisiennes dont nous avons fait une cure (parfois même à la limite de l'abus) durant notre séjour:
- Maklroudh (à droite sur la photo), spécialité de la ville de Kairouan (au centre), constituée de farine avec la semoule et fourré avec des dattes broyées . Le tout est frit dans l'huile.
- Zlébia (à gauche sur la photo), spécialité de la ville de Beja (au nord ouest) qui est une sorte de pâte frite et fourrée avec une sorte de miel (sucre auquel on ajoute divers ingrédients)
- Mkhrek (au centre et en haut), spécialité de la ville de Beja (au nord ouest), sorte de beignet en plus sucré qui se présente sous la forme d'un bâtonnet.

Toutes ces pâtisseries sont très sucrées mais il en existe aussi d'autres sortes qui le sont moins (par exemple, bambalouni, youyou, gourayba...).

Suite du carnet de route:
Du fait de l'énorme retard du ferry, nous arrivons à Tunis très tôt dans la matinée du 11 novembre (nous passons la douane à 4h50!). Heureusement pour nous, un Tunisien très gentil rencontré à bord nous propose l'hébergement pour la nuit. C'est un jeune médecin du nom de Nabil M'Nasri et il habite dans la banlieue sud de Tunis (gouvernorat de Ben Arous). Le lendemain, nous laissons nos vélos chez Nabil et celui-ci nous fait visiter la capitale. Nous découvrons alors la superbe médina (vieille ville en Arabe) de Tunis avec les fameux souks Tunisiens (ces souks (marché en Arabe) sont constitués en quartier par spécialités: il y a le souk des orfèvres, des femmes (costumes de mariées), des bijoux, de la laine, du cuivre... Enfin, bien sûr, il y a le souk avec les souvenirs pour les touristes; voir photo du souk ci-contre) et la grande mosquée Ezzaitouna (olivier en Arabe). Le soir, nous nous rendons avec Nabil, Amor (son ami et collègue médecin) et Samir (un ami très proche) à Sidi Bou Saïd (la ville tout de blanc et de bleu) pour fumer la chicha (narguilé Tunisien) et admirer la vue sur le port à la terrasse du café Sidi Chabaanne (le café "haut", photo ci-contre). Le jour suivant, nous partons en quête de musiques. Quête qui nous entraîne au conservatoire de musique puis à l'école Rachidya (spécialisée dans le malouf). Malheureusement pour nous, pas de répétitions prévues pour le Rachidya avant fin décembre ! Pour l'instant nous restons sur notre faim (si l'on peut dire)... Par contre, Nabil chante très bien et lira pour nous quelques versets du Coran (voir photo ci-contre; pour l'occasion, il revêt le costume traditionnel Jebba et la fameuse Chéchia (couvre-chef en laine bouillie). Sa Jebba fut rapportée par son grand-père lors de son pèlerinage à la mecque) Vous pouvez l'écouter en cliquant sur ce lien Ecouter (format MP3). Le chapitre lu par Nabil parle du fait que Allah est unique, qu'il n'a ni père, ni fils. De plus, il contient un passage explicant qu'il ne faut pas jalouser son prochain.

Ce jour-là, nous avions décidé de jeûner afin d'avoir une idée plus précise du ramadan. Ce fût très difficile pour nous de tenir jusque la coupure (17h15) sans boire, ni manger. En tout cas, c'était une expérience très intéressante et le repas traditionnel du soir n'en fut que meilleur.
Le troisième jour suivant notre arrivée, nous quittons Nabil et Tunis pour nous diriger vers Sfax (272 kilomètres de Tunis). Notre objectif est de visiter dans un premier temps la fameuse côte corail (qui doit son nom aux coraux rouges que l'on y pêchait autrefois). Pendant ce périple, nous passerons par les villes suivantes:


- Hammamet, où nous visitons la médina et les souks. Pour l'anecdote, ce jour-là, nous traversons le marché surpeuplé d'Hammamet (nous mettons 1/2 heures pour parcourir 2 kilomètres).


Ci-contre, le cimetière très coloré d'Hammamet.



















- Hergla, petit village de pêcheurs construit sur le rebord d'une
falaise. Nous profitons de la plage pour faire notre lessive et le soir nous campons près de la mer à la sortie du village. (voir photos ci-dessus)
- Port El Kantaoui, où nous prenons conscience de ce qu'est la véritable Tunisie touristique. Dans cette ville, il n'y a quasiment que des hôtels, des restaurants et des activités pour touristes (golf, quads,...)





- Sousse, la 3ème plus grosse ville de Tunisie (200000 habitants) avec sa médina complètement entourée de remparts crénelés (voir photo ci-contre).











- El Jem, ville basée sur le site de l'antique Thysdrus, une des villes les plus riches de la Tunisie romaine. Elle est célèbre pour son amphithéâtre romain (le 3ème des plus grands amphithéâtres après ceux de Rome et de Capoue).





Les paysages rencontrés sur la côte corail sont, au départ de Tunis, plutôt montagneux, puis ensuite plats dans l'ensemble. Plus nous descendons vers le sud, plus nous croisons d'oliveraies.

A El Jem, nous décidons de prendre le train pour le sud-ouest (Metlaoui) sur les conseils des Tunisiens. Nous désirons y découvrir le désert et les fameuses oasis Tunisiennes (d'autant que nous sommes en pleine période de la récolte des dattes !). Pendant notre périple dans le sud Tunisien, nous visitons les villes suivantes:
Tozeur, Nefta (Nafta en arabe), Chebika, Tamerza (Tamarza en arabe), Midès, Redeyef. Enfin, nous revenons vers Metlaoui pour rejoindre ensuite Kalaat Khasba (via Gafsa et Kasserine) et y prendre le train pour Tunis.




Tozeur et Nefta possèdent les deux plus célèbres palmeraies de Tunisie (les dattes deglets en nour ("doigts de lumière" en Français) proviennent de ces oasis). Nous les visitons donc ainsi que les fabriques de briques en argile artisanales de Tozeur.

Ci-contre, l'oasis de Tozeur.





Notre arrivée à Tamerza marque l'ascension de notre premier col en Tunisie (pente très raide à plus de 10 %, photo ci-contre)

Peu avant Tamerza, nous profitons d'une cascade naturelle pour nous laver (au beau milieu du flot ininterrompu de touriste). En plus, nous avons la chance d'y rencontrer Amir Immami et son groupe de musique folklorique (ferkachaabia en arabe). Ils jouent pour nous une chanson d'amour basée sur le rythme fézéni (voir plus loin). Leur formation est composée de 3 darboukkas en terre cuite et d'un mezoued (pour une description plus précise de ces instruments: voir la partie "le coin du musicien").
Pour les écouter, cliquer sur ce lienEcouter (format MP3).
Ensuite, Amir (percussionniste depuis environ 10 ans) nous joue en solo plusieurs rythmes du maghreb. Vous pouvez entendre (en cliquant sur leurs noms respectifs) les rythmes fézéniEcouter (format MP3) et soufiEcouter (format MP3), qui sont les rythmes de base de la musique folklorique Tunisienne. En passant, nous nous excusons pour la qualité moyenne de ces deux derniers enregistrements (nous avons positionné le micro trop près de la percussion ! Enfin, il faut bien apprendre le métier...)




A midès, nous découvrons ce que l'on appelle ici le far-west Tunisien avec des superbes canyons façonnés par l'oued (cours d'eau en arabe) traversant la ville.







Enfin, Redeyef et Metlaoui sont 2 villes minières qui puisent leurs richesses dans les mines de phosphates (voir photo ci-contre du gigantesque tapis roulant acheminant le phosphate brut vers Metlaoui et ses usines de nettoyage)






De retour à Tunis, nous retournons chez notre ami Nabil et nous assistons à ses côtés à l'animation propre aux 15 derniers jours du Ramadan où la ville est encore plus animée la nuit que le jour. Nous profitons des journées d'attente jusqu'à notre départ pour continuer notre recherche de musiciens. Nous avons alors la chance de rencontrer Mr Hichem Bouallegue, luthier dont la spécialité est la fabrication d'ouds. Il réside au 68, avenue de la liberté à Tunis. Celui-ci accepte de nous montrer les différentes étapes de la fabrication d'ouds. Il les fabrique entièrement, depuis la pièce de bois brut jusqu'à la finition. Ce fut réellement incroyable de pouvoir voir le travail de cet artisan passionné. Très jeune, il s'est trouvé cette vocation, confectionnant ces premiers instruments avec du fil de pêche. Il a ensuite appris son métier durant 5 ans à l'école d'artisanat de Tunis et il a désormais 28 ans d'expérience dans le domaine. Pour réaliser un oud, il lui faut environ 1 mois à 1 mois et demi de travail; il les vend ensuite pour environ 300 Dinars Tunisiens (<> 230 €). Certains éléments de l'oud sont très longs à confectionner
(photo ci-contre, la "coque" ou caisse de résonance de l'instrument). Par exemple, les rosaces incrustées dans la table d'harmonie de l'instrument sont entièrement "faites-main" avec une petite scie à bois. On peut alors compter jusqu'à une demi-journée pour réaliser une rosace. Selon lui, il ne reste que 5 artisans luthiers dans toute la Tunisie. En revanche, il existe beaucoup de "fabriques" d'ouds, où le travail est réalisé "à la chaîne". Toutefois, l'oud étant un des instruments majeurs de la musique arabe, il ne se fait pas de soucis pour la pérennité de son art.

De plus, Hichem joue de l'oud pour son propre plaisir et exécute, sous nos yeux ébahis, un morceau typiquement Tunisien qui s'appelle "Tâatli Yesmailla Ferlil". C'est une chanson d'amour qui se traduit en Français: "Sous le jasmin, au clair de la lune". Elle appartient Mr. Edi Jwouli (nous ne sommes pas sûr de l'orthographe), musicien qui, avant de décéder, avait acquis une renommée internationale.
Ecoutez ce morceauEcouter (format MP3).
Ecouter les explications d'Hichem sur ce morceauEcouter (format MP3).
Pour avoir plus de détails sur l'oud et sur sa fabrication, voir la partie "le coin du musicien".

Deux jours plus tard, nous faisons nos adieux à la Tunisie ainsi qu'à nos hôtes Nabil et Amor et nous nous envolons pour le Caire (jeudi 5 décembre).

Côté couchage :

A Tunis, nous dormons chez notre ami Nabil. Les autres jours, uniquement sous la tente. Les emplacements varient beaucoup (2 nuits dans les palmeraies de Tozeur et de Tamerza), 2 dans les chott el-djerid et el-rharsa (immenses dépressions salées), 1 dans le désert (les scorpions dorment), 1 dans une oliveraie, 1 dans les montagnes près de Tamerza, ... A chaque nouvel endroit, nous gardons à l'esprit d'être relativement cachés de la route et des habitants pour éviter tout problème de sécurité.








Ci-contre, notre campement dans le chott el-rharsa (on voit la tente en tout petit)













Anecdotes relatives à l'hospitalité Tunisienne:
Dans le train pour Metlaoui, le contrôleur ne nous facture qu'un seul vélo au lieu de 2.
A peine arrivés à la gare, alors que nous demandons des informations pour aller vers Tozeur, un cheminot nous propose de nous embarquer sur sa locomotive (50 kilomètres parcourus sur une voie uniquement réservée pour le transport de fret (elle est en trop mauvais état pour le transport de passagers). Un souvenir inoubliable !
De Thélepte à Kalaat Khasba, nous faisons du stop tout en roulant (technique baptisée par Julien Vélo-stop). Cette technique marche très bien puisque nous sommes très rapidement embarqués. 3 véhicules différents pour les 80 kilomètres, et ce, dans des conditions pas toujours légales (à 4 à l'avant d'une petite camionnette !)
Alors que nous mangions tranquillement installés sur un trottoir en plein centre de Tunis, un Tunisien très aimable surgit de nulle part avec 2 coca cola à la main en disant "tenez, c'est pour vous". Ensuite, alors que nous voulons l'inviter à déguster quelques pâtisseries à nos côtés, c'est finalement ce dernier qui nous en offre. Incroyable!
Il y aurait encore beaucoup d'exemples à citer tant les Tunisiens sont accueillant et chaleureux. L'entraide est vraiment ancrée dans la mentalité de ce peuple ! Nous en garderons un souvenir vraiment très positif.

Galères:
A la sortie de Gafsa, nous dormons dans les environs d'une caserne à côté d'un réservoir d'eau. Pas de chance, puisque nous sommes en plein terrain militaire et que, sur ce point, notre statut de Français ne nous vaut aucun traitement de faveur. Au contraire, puisque, afin d'être sûr que nous ne sommes pas des espions, les militaires repassent nous voir 4 fois pour de multiples vérifications. Nous sommes alors obligés de déménager de nuit (vers 20h00) tout notre matériel environ 2 kilomètres plus loin pour sortir de cette zone sécurisée. Nous ne serons confortablement ré-installés que vers 23h00.

La première journée véritablement noire de notre périple sera la nuit du 25 novembre et la journée du 26. Après avoir réalisé la plus grosse journée de vélo de notre voyage (81 km), nous choisissons très rapidement un emplacement pour notre tente aux abords de la route. Le soir, pendant 1h30, nous essuyons une tempête terrible avec un vent si fort que nous sommes obligés de constamment soutenir la tente nous-même (les piquets s'arrachant tous seuls). Puis une pluie battante prend le relais et nous pensons enfin être tranquille... Le lendemain matin, vers 5h30, nous sommes réveillés par un évènement somme toute assez bizarre. Nous avons la sensation d'être sur un matelas d'eau et c'est effectivement le cas puisque, tout autour de la tente, il y a environ 20 centimètres d'eau ! (ci-contre, photo de l'emplacement de la tente après son déménagement. Il reste tout de même les cailloux servant à maintenir la toile en place) C'est alors l'évacuation en catastrophe du matériel vers un endroit sec. Nous laissons pour l'instant tente et vélos sur place et attendons que le jour se lève (absolument transits par le froid!). Heureusement, il ne pleut plus. Vers 10h00, alors que tout notre matériel est en train de sécher (nous allions seulement finir de tout étendre (voir photo ci-contre)), une averse nous surprend. Donc, nous re-déménageons toutes nos affaires sous les arbres avoisinants. Au final, il nous faudra toute une journée pour nous remettre de cette dure expérience et tout faire sécher. Comme si ça ne suffisait pas (les éléments s'acharnent contre nous!), un vent terrible se lève dans l'après-midi, rendant très difficile le séchage et le rangement des affaires. Enfin, il y a des jours sans... Nous espérons tout de même que celui-ci restera le pire ou l'un des pires. Petite parenthèse: nous avions choisi pour dormir un endroit très argileux et un peu encaissé. C'est quasiment la seule zone qui sera inondée par la tempête. Une bonne leçon à tirer pour la suite dans le choix de l'emplacement pour la tente. On en apprend tous les jours sur les trucs et astuces du camping sauvage !

Conclusion de notre séjour en Tunisie:
La Tunisie est un pays vraiment magnifique et ses habitants sont très accueillants. Nous conseillons à tout ceux qui sont intéressés par le monde arabe de s'y rendre. Ici, il est très facile de se faire comprendre et les échanges avec les locaux sont très intéressants. Les Tunisiens mènent une vie très simple et souvent assez difficile d'un point de vue matériel. Malgré cela, ils aiment beaucoup les étrangers et les Français tout particulièrement. Bien sûr, il y a quelques exceptions, mais elles sont très rares.

écouter des extraits musicauxLe coin du musicien (termes utilisés parfois assez technique, nous consulter pour de plus amples renseignements)

NB: Une partie des informations citées ci-dessous sont citées d'autres sources Internet, aussi, si vous reconnaissez votre texte dans nos carnets et que vous voulez l'enlever, nous nous exécuterons immédiatement. En effet, plutôt que de reformulez maladroitement un texte déjà bien écrit, nous préférons le citer tel quel afin d'en garder toute la " saveur ".

Voici un descriptif détaillé des différents instruments composant le groupe folklorique d'Amir :

Darbouka ou darboukà (derbouka / daraboukka / daraboukkeh / darrabuka / darabukka / tarabuka / tambour grec mytilénien): Origine babylonienne et sumérienne. Percussion de terre cuite en forme de gobelet à base ouverte (Afrique du nord), de bois ou de métal (Inde, Syrie). La peau tendue qui peut être aussi bien de chèvre, de mouton ou de poisson, est collée sur les bords puis tendues par des petits fils tressés. On peut également trouver en Syrie le même instrument en métal avec la tension de la peau réglable par un système de vis situées sur un cercle. L'instrument est présent dans tout le monde musulman du Maroc à l'Inde.
Mode de jeu : "la darboukka est portée sous l'aiselle gauche (ou sur la hanche), lorsque l'exécutant se tient debout; s'il est assis, l'instrument est posé sur la cuisse. La frappe se fait à mains nues, alternativement au centre de la peau (avec la main droite) pour les battements sourds - appelés "Doum" -, et sur les bords (avec la main gauche) pour les battements clairs et sonores - dits "tak". Un jeu subtil des paumes et des dix doigts permet, en outre, de rythmer les temps forts et faibles - selon les règles strictes des formules musicales traditionnelles; la sonorité est courte, sèche et pénétrante; certains joueurs atteignent parfois une rare virtuosité." Texte cité du livre "Les instruments de musique dans le monde" de François-René Tranchefort.
Instrumentistes traditionnels : Abdel Khalek Assan - Abd al Ahad Amri, Maroc - Saïd Mohammed Aly, El Karnak, Egypte - Burban Öcal, Turquie - Ekrem Bagi, Turquie - Neil Sparkes - Rafiq Rouissi.
Dans notre enregistrement, la darboukka utilisée possède une peau de chèvre. Ces peaux doivent normalement être chauffée avant usage afin d'obtenir un timbre plus riche.

Mezoued (mezoued / mezued / mezud): cornemuse du Maghreb formée d'un sac en peau de chèvre, d'un double chalumeau en roseau et muni de deux pavillons en corne. Les deux chalumeaux sont percés de 5 ou 6 trous (Tunisie); ils sont accordés à l'unisson et ne dépassent pas la sixte. On la trouve dans le nord du Maghreb, principalement en Algérie et en Tunisie. Elle est utilisée uniquement dans la musique populaire. L'instrument dérivé sans le corps de chevrette s'appelle la magruna (en Tunisie, on l'appelle Mezoued et c'est cet instrument que vous pouvez écoutez sur l'enregistrement du Fézéni. Dans ce cas, les cornes utilisées sont des cornes de chèvres et les anches des chalumeaux sont simples et idioglottes (c'est à dire qu'elles sont découpées dans le corps même des chalumeaux)).

Voici un descriptif de l'Oud et de sa méthode de fabrication :

Oud, ud / lud. Luth arabe. " ud sharqi ", kwitrah (du grec kithara): Egypte de l'Ouest.
Nom arabe de l'ancien instrument persan barbat. Ancêtre de la guitare espagnole. Le manche de l'instrument qui est plus court que celui d'une guitare, est sans frettes. Cette disposition permet les micro-intervalles (intervalles différents du 1 ton et du 1/2 ton) et la création de glissandos ("slide" pour les guitaristes) et légatos (sons liés) avec la main gauche. Le cheviller de l'Oud est très fortement recourbé vers l'arrière et la caisse de résonance est très bombée et en forme de poire. La forme définitive du oud date du VIIIème siècle. Le nom de l'instrument qui signifie littéralement "pièce de bois" date de deux siècles plus tôt, époque qui connu un luth d'origine Arabe, recouvert de peau et dont la table était en bois. Aujourd'hui, l'oud est l'instrument à corde le plus populaire dans le monde musulman, celui que les compositeurs préfèrent. Il possède 10 ou 11 cordes en fonction de lieu de facture (5 doubles cordes accordées à l'unisson et éventuellement une 6ème corde grave). Ces cordes ou "doubles-cordes" (appelées "urûq" = veines) sont en nylon (qui remplace le boyau traditionnel) et les 3 plus graves sont recouvertes de cuivre. En Tunisie, il possède 11 cordes et est accordé de la manière suivante (du grave à l'aigu): ré, sol, la, ré, si, do.
"Le oud est joué en position transversale, la caisse reposant sur la cuisse droite de l'exécutant: la main droite pince les cordes avec [un plectre (ou médiator, appelé "baleine" en Tunisie) fait de plastique, de corne, ou avec un plume d'aigle]; tenu entre le pouce et l'index; les doigts de la main gauche agissent sur la longueur des cordes en les pressant contre le manche. Le pincement des cordes peut être simple ou double[...]. La sonorité du oud, douce et veloutée dans le registre grave, vibrante dans le médium, argentée dans l'aigu, n'est pas sans évoquer les pizzicati du violoncelle occidental - avec des harmoniques comparables à celles de la harpes; instrument qui chante" non sans volubilité (on le compare au rossignol), et dont les pouvoirs expressifs - éminemment variés - peuvent fasciner des auditoires entiers." Texte cité du livre "Les instruments de musique dans le monde" de François-René Tranchefort.
Fabrication: la caisse de résonance ou coque est constituée de fines lamelles de bois dur (noyer, acajou, érable, pallisandre,...) qui sont chauffées puis pliées pour obtenir leur forme incurvée. Pour finaliser cette forme, on les place 24 heures sur un moule (durant cette étape, on les fixe entre elles à l'aide d'agrafes et on en fixe les deux extrémités). Ensuite, on les retire du moule et on colle à l'intérieur du moule, chaque paire de lamelles entre avec un scotch très résistant. On place dans la coque obtenue un cadre en bois, en attendant d'y fixer la table d'harmonie (voir photo de la coque dans le carnet de route). La table est faîte de bois blanc et est percée de deux ou trois ouvertures en rosaces (dénommées "'uyûn" = yeux). On y place ensuite des décorations découpées minutieusement avec une petite scie à bois (on peut éventuellement y ajouter du nacre). Le chevillier et le manche sont confectionnés dans le même bois que la coque. Pour les fixer entre elles, une technique toute simple; par exemple pour la coque et le manche, on découpe une entaille en forme de V dans la coque et on laisse dépasser du manche la forme correspondant à l'entaille (voir photo du manche ci-contre). Les deux pièces sont ensuite emboitées (principe du puzzle) et collées ensemble. On emploie ensuite la même technique pour fixer le manche et le chevillier. Il ne reste alors plus que la finition: mise en place des chevilles (en ébène), du chevalier (en ivoire), du cordier; Vernissage de l'instrument (éventuellement incrustation de nacre pour la décoration sur la coque de l'instrument et entre les lamelles qui la composent); mise en place des cordes et accordage. Nota: pour ceux qui n'aurait pas tout compris, vous pouvez nous consultez pour de plus amples informations. Je vous renvoie aussi au site de monsieur Christophe Toussaint: www.epinette.free.fr qui explique très précisément toutes les étapes de la fabrication de la cithare sur table qu'est l'épinette des Vosges (ce n'est tout de même pas pareil qu'un luth, mais certains principes restent les mêmes (par exemple pour la fixation entre la coque de l'instrument et sa crosse, pour les décorations des ouies,...)
Instrumentistes traditionnels: Simon Shaheen (Haïfa) - Hikmet Shaheen (Haïfa) - Hussein el Masry or Hussein el Misr (Egypte) - Abdolvahhab Shahidi (Iran) - Muhammad Bryûl (Maroc) - Abd ar Rahim Oth Mani (Maroc) - Anouar Brahem (Hamza el Din, Egypte) - Choyly (Djanet, ville touareg algérienne) - Asim Chalabi (Husseim Bitmez, Turquie)

Afficher les kilomètres parcourusKilomètres parcourus et détail des étapes.

1273,9 kilomètres parcourus en Tunisie durant 26 jours, dont 608,9 km en vélo (16 étapes), 585 km en train, et 80 km en stop.

11 Novembre :

Petite sieste, visite de Tunis avec Nabil. Soirée à Sidi Bou Saïd.

12 Novembre :

Recherche de musiciens à enregistrer sur Tunis.

13 Novembre :

Tunis - Bou Argoub. 50,7 km (à 12 km de Hammamet)

14 Novembre :

Bou Argoub - Bou Ficha. 53,6 km (<> 35 km après Hammamet). Visite de Hammamet

15 Novembre :

Bou Ficha - Hergla 41,1 km. Compteur de Julien (le seul qui marchait encore) est caputt. Désormais, nous calculerons les kilomètres parcourus grâce aux bornes kilomètriques.

16 Novembre :

Hergla - 1 km avant Bourjine. 50 km. Visite de Sousse

17 Novembre :

Bourjine - El Jem 48 km. Visite de El Jem. Le soir, à 0h00, train pour Metlaoui.(300 km parcouru en train)

18 Novembre :

Arrivée à Metlaoui à 6h55. 50 km parcourus en locomotive jusque Tozeur.

19 Novembre :

Tozeur - 10 km après Nefta. 44 km. Nuit dans le chott.

20 Novembre :

Vers Nefta - 10 km après El Hamma 48 km.

21 Novembre :

10 km après El Hamma - 6 km avant Tamerza. 36,5 km

22 Novembre :

Tamerza - Midès - Tamerza. 20 km. Enregistrement du fézéni

23 Novembre :

Tamerza - 18 km avant Metlaoui. 56 km dont 4 de piste peu praticable.

24 Novembre :

18 km avant Metlaoui - 2 km après Gafsa. 60 km.

25 Novembre :

Gafsa - 4 km après Thélepte. 81 km. Tempête.

26 Novembre :

séchage des affaires. Tout de même 6 km parcourus, afin de trouver de quoi manger.

27 Novembre :

Thélepte - Kalaat Khasba 80 km en stop + 8 km à vélo.

28 Novembre :

Trajet en train jusque Tunis (environ 235 km en train). Arrivée chez Nabil

29 Novembre :

Recherche de musiciens, passage à l'aéroport, préparation du carnet de route.

30 Novembre :

Préparation du carnet de route chez Nabil, réponse au courrier.

1er Décembre :

Préparation du carnet de route et sortie dans un Hammam populaire avec Nabil (expérience très enrichissante!).

2 Décembre :

Achats des billets pour le transit Tunis-Le Caire.
Pour bénéficier d'un tarif très intéressant et d'un accueil hors pair (en plus d'être très gentille, l'employée qui nous à vendus les billets est incroyablement belle, nous en sommes tous les deux tombés amoureux), se rendre à l'agence de Tunisair au 16, avenue de Carthage à Tunis centre (tél: 71 34 80 61). Nous avons payé juste 450 Dinars (tarif normalement réservé aux résidents Tunisiens) contre 776 à l'aéroport. Encore un autre exemple de l'incroyable gentillesse des Tunisiens. Dans l'après-midi, prise du rendez-vous le jour suivant pour enregistrer le luthier Hichem Bouallegue.

3 Décembre :

Enregistrement du luthier Hichem Bouallegue.

4 Décembre :

Préparation du transit pour Le Caire (enregistrement des bagages) l'après-midi.

5 Décembre :

Transit Tunis-Le Caire via la compagnie Tunisair.

Pour notre prochain carnet de route, rendez-vous au Caire dans 2 à 3 semaines !

Pour plus d'information, téléchargez notre fiche pays pour la "Tunisie":

Fiche technique fiche touristique fiche musicale
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Association Peuples et Musiques

A la rencontre des Peuples et des musiques du monde, Objectif Mongolie !