Après
42 kilomètres parcourus dans la matinée, il est environ
13 heures lorsque nous arrivons en vue de Poipet, le poste frontière
de la Thaïlande avec le Cambodge. Les formalités accomplies,
nous nous mettons alors en quête d'une banque afin de disposer
de devises du pays. Hélas, pas de banque en vue, ne nous laissant
d'autre choix que de nous rendre à Sisophon, ville située
à une quarantaine de kilomètres de là. Pour nous
y rendre, nous empruntons la dite "route national n°5"
qui se trouve dans un triste état, comptant d'imposants et innombrables
nids-de-poule. C'est donc assez péniblement que nous progressons,
n'arrivant que vers 17 heures à notre lieu de destination. Là,
la malchance s'acharne sur nous puisque nous sommes arrivés un
jour de fête nationale: toutes les banques sont fermées!
Finalement tout rentrera dans l'ordre et nous réussirons à
changer 20 $ dans un grand hôtel: heureusement, car sans cela
nous n'aurions pas eu de quoi manger ou de nous loger pour ce soir là.
Après
une bonne nuit (et une bonne douche) nous ayant fait oublier les 90
kilomètres de la veille, nous continuons donc notre chemin vers
Siem Reap, située à 100 kilomètres de là
(voir photo ci-contre: village traditionnel en bord de route). Pour
ce faire, nous reprenons donc la "route" nationale n°5,
qui ressemble désormais plus à une piste cahoteuse (pendant
75 kilomètres, voir photo ci-dessus) qu'à une route. Bien
que difficile (nous avons été obligé de faire de
nombreuses pauses pour soulager nos poignets des vibrations de la piste),
la route ne manque pourtant pas de charme et nous traversons plusieurs
petits villages traditionnels dont les maisons (voir photos ci-dessous
pour la plupart surélevées), sont construites en bois,
avec des toitures soit en tuile, soit en assemblage de longues feuilles
séchées.

Une
vingtaine de kilomètres avant Siem Reap, c'est avec un grand
plaisir que nous retrouvons de la route goudronnée, pour le plus
grand bien de nos poignets (et de nos f.ss.s !). De
Siem Reap, nous nous rendrons sur le site d'Angkor (monnayant 40 $ pour
les deux) où nous passerons une journée à nous
balader avec nos vélos de temples en temples. "Angkor
était jadis la capitale des rois khmers du Cambodge[...]. La
cité primitive fut construite autour de Phnom Bakheng,
une temple bâti vers 907 sur une colline qui symbolisait la montagne
se trouvant au centre du monde d'après la
cosmologie
hindouiste. [...]
Au 13ème siècle, Angkor couvrait une superficie de 100
kilomètres carrés et était l'une des plus grandes
villes du monde. [...] C'est vers 1430 que les cambodgiens abandonnèrent
Angkor et déplacèrent leur capitale vers un lieu plus
sûr, au sud." La plus impressionnante de ces constructions
est appelée Angkor Wat, "la ville-temple". "Erigé
par Suryavarman et consacré à Vishnou, Angkor Wat constitue
l'apogée de l'art khmer classique. Le temple lui même est
une pyramide surmontée de cinq tours en quinconce, représentant
les 5 sommets de la montagne cosmique Meru. [...] De riches sculptures
en relief, souvent peintes et dorées, décorent le temple
et représentent les exploits de Vishnou [...] tandis qu'une somptueuse
sculpture ornementale habille le temple." (textes citées
de l'encyclopédie Encarta 98). La visite de ce site si majestueux
et perdu au beau milieu de la jungle (la ville a été abandonnée
puis redécouverte), ne nous laissera pas indifférents
et nous nous laisserons transporter, toute la journée durant,
par la beauté de ces temples khmer.
Photos ci-dessus: A gauche, la porte sud de la cite d'Angkor
Thom. A droite, un arbre centenaire poussant au sein même du temple
Preah Khan.

Le temple Ta Prohm

Les musiciens du centre "Prah Sat Preah Kham"
De
plus, lors de cette journée, nous rencontrons à l'entrée
du temple Preah Khan une formation de 5 musiciens répétant
au bord du chemin. C'est en fait une troupe de musiciens handicapés,
issus du centre d'aide du "Prah Sat Preah Khan". Ils jouent
dans un pur style folklorique des musiques de divertissement de type
"Phleng Khmer" (musiques associées
aux mariages, fêtes,... voir "le coin du musicien" pour
plus d'infos!), La formation est composée d'une cithare Khom
(équivalent cambodgien du Santour et du Kanoun), d'une cithare
Ta-Kê, de deux vièles Tlrow-Saw et Tlrow-Hou et enfin d'un
tambour Scow.
Ces musiciens se produisent dans cet endroit pour tenter de réunir
des fonds pour leur centre. Ils nous laissent très gentiment
les filmer une quinzaine de minutes puis, lorsque nous leur demandons
des explications sur les différents instruments (tout au moins
leurs noms), ils entament tout naturellement un solo chacun à
leur tour, après nous avoir dit le nom de l'instrument. Ce réflexe,
spontané (ils ne parlent pas anglais!), nous enchante et, après
avoir fait une donation pour leur centre, nous en notons précisément
l'adresse afin de pouvoir ensuite y envoyer le film terminé.
Nous avons donc, encore une fois, beaucoup de chance d'avoir rencontré
ces merveilleux musiciens (il est aussi tout-à-fait probable
qu'ils se produisent très souvent devant ce temple... C'est "dans
la boite" en tout cas!)
Pour voir
l'orchestre folklorique du Prah Sat Preah Khan, cliquez ici 
BONUS: un solo de chacun des instruments du groupe dans la partie "le
coin du musicien".
CONTACT Prah Sat Preah
Khan: Dolpika - A Siam reap TMAI
A
partir de Siem Reap, nous nous rendons également au village de
Chong-Kaoh-Nea en bordure du grand lac du Tonle-Sap. Celui-ci est "le
plus grand lac d'Asie du Sud-Est, il est alimenté par de nombreux
cours d'eau; ses eaux s'écoulent vers l'ouest par la rivière
Tonle-Sap et se jettent dans le Mékong. Durant la mousson d'été,
entre juin et novembre, le courant de la rivière s'inverse et
les eaux en crue du Mékong augmentent la superficie du lac, la
faisant passer d'environ 2600 à plus de 10 000 kilomètres
carrés." (texte citée de l'encyclopédie
Encarta 98). Nous découvrons, le temps d'une après-midi,
le quotidien de ce village de pêcheurs. Nous admirons les nombreuses
maisons construites sur pilotis loin des rives du lac, leurs habitants
disposant de plusieurs barques pour aller faire des provisions au village,
pêcher,... Hélas le temps de notre halte à Chong-Kaoh-Nea,
il se trouve qu'il a plut, ce qui a eu pour effet de transformer une
partie de la piste déjà difficile en véritable
bourbier (pourtant, à la guest house où nous logeons,
il nous avait prévenu que la piste était en très
mauvais état lors des pluies, mais nous n'en avons fait qu'à
notre tête!!). Au
total, il nous faudra l'aide de 4 locaux et plus d'1 heure de marche
laborieuse pour nous sortir de ce mauvais-pas et parcourir les 3 kilomètres
nous séparant de la piste "en dur", nous arrêtant
à de nombreuses reprises pour éliminer la boue qui se
logeait et s'accumulait entre les roues (jusqu'à les bloquer),
les garde-boues et les freins. Une véritable épreuve de
patience et de détermination! Au début, on s'énerve
puis ensuite, on fait comme les cambodgiens, on rigole et ont finit
par beaucoup s'amuser. Après ces 3 kilomètres à
la progression ardue, nous faisons une petite halte en bord de rivière
pour laver nos vélos et nos sacoches de toute cette boue, nous
remercions les locaux (pourboire oblige dans ce cas !) nous ayant rendu
un grand service (sans eux, on serait encore en train de pousser les
vélos) et nous remettons en route pour Siem Reap. Sur le chemin
du retour, nous rencontrons 2 touristes français travaillant
au Vietnam et voyageant en moto avec lesquels nous échangeons
quelques mots. Nous en profitons pour leur demander quelques conseils
pour notre futur itinéraire au Vietnam, avant de nous quitter
peu après le coucher du soleil. A l'origine, nous avions prévu
de quitter la ville juste après s'être rendu au Tonle-Sap,
mais étant donné l'heure avancée et l'état
de nos vélos qui ont désormais besoin d'un bon graissage,
nous décidons de passer une dernière nuit à Siem
Reap.

Le
lendemain nous quittons la ville pour nous diriger vers Phnom Penh,
la capitale du pays située à 350 kilomètres de
là. La route séparant les 2 villes se présente
tantôt sous la forme d'une route goudronnée, tantôt
sous la forme d'une piste (heureusement dans l'ensemble beaucoup plus
praticable que la précédente, à quelques exceptions
près). Les paysages rencontrées en chemin sont magnifiques:
la route borde de nombreuses prairies verdoyantes (voir photo ci-dessous)
parsemées de petits étangs où les buffles viennent
se rafraîchir. Chemin faisant, nous testons bien entendu la nourriture
locale et découvrons quelques spécialités surprenantes,
notamment la soupe avec des pattes de poulets, ou encore les oeufs de
foetus de poulet (qu'il faut manger en ajoutant du poivre et du citron
vert). Nous avons vu également quelques fois des vendeuses ambulantes
se promener avec des plateaux remplis de sortes d'énormes araignées
cuisinées et aussi des plats de sauterelles, mais à chaque
fois nous n'avons pas oser goûter. Enfin, nous avons également
essayé de manger des graines de lotus, que les marchands vendent
"en bouquet" au bord des routes, près des mares et
étang. Nous n'avons pas trop aimé (nourrissant mais d'un
goût médiocre, voir photos dans la galerie jointe), mais
les cambodgiens, eux, aiment beaucoup ça! A côté
de ces spécialités locales, on trouve les classiques soupes
avec des nouilles et des fruits de mer, du riz et des brochettes, et
oh surprise du pain blanc comme chez nous!


A
Taing Trassaing (voir photo ci-dessus, rivière Stunf Sen, située
à moins de 10 km de là), petite commune située
à 140 kilomètres de la capitale, nous faisons la connaissance
de Laeh Sarâr, qui vit dans une ferme avec sa famille juste à
côté du marché du village. Ce dernier parle le français
presque couramment (il l'a appris à l'école dans les années
70) et nous invite à passer la nuit chez lui, pour nous "fortifier"
comme il dit. Au cours de la soirée, il nous fait part de son
intérêt pour la langue française, dont il collectionne
les ouvrages (nous lui offrons un exemplaire des 3 mousquetaires acheté
à Bangkok), et nous dépeint la vie dans son pays. Une
soirée très riche par la découverte du mode de
vie des fermiers cambodgiens (en autre, nous apprenons à puiser
l'eau d'un puit, chose dont nous étions parfaitement incapable
auparavant ! En effet, comment fait-on pour remplir le seau d'eau alors
qu'il est vide et flotte à la surface ? On voudrait bien vous
y voir vous ! Laeh, nous voyant en pleine réflexion, nous montre
la technique adéquate: un habile et rapide coup de poignet permet
de retourner le seau entièrement ! Plus facile à dire
qu'à faire !).
Nous
arrivons à Phnom Penh (voir photo du Mékong, à
l'entrée de Phnom Penh) 2 jours plus tard. Là, nous achetons
nos visas pour le Vietnam, monnayant 40 $ chacun et seulement 20 minutes
de patience une fois toutes les pièces en leur possession. Nous
profitons de notre séjour dans la capitale pour nous reposer
(lorsqu'il y a un supermarché à proximité, cela
revient cher !) et rédiger le présent carnet. Enfin,
pour alimenter notre quête de musiques, Xavier et Isabelle Vayron
(www.paris-pekin.org, deux
amis VTTistes et "collecteur de musiques" rentrés en
2001 d'un tour du monde de 2 ans) nous avaient conseillé de contacter
Mr. Yun Khean, vice-directeur et enseignant du département musique
de l'université des beaux-arts de Phnom Penh. Celui-ci a appris
tout se qu'il sait de son père musicien. A 8 ans, il maîtrisait
son premier instrument et à 12, son deuxième. Après
un premier entretien téléphonique, nous décidons
d'un rendez-vous pour les jours suivants. Ainsi, nous arrivons dans
son bureau au matin du 3 juin. Après lui avoir expliqué
nos motivations, celui-ci accepte de nous faire "faire le tour"
du département musique. Nous avons alors l'opportunité
de filmer un orchestre de Pinpeat (7 musiciens, voir description dans
la partie "Le coin du musicien"), un orchestre Mohori (10
musiciens) et une chorale de chants Mohori (14 chanteurs et chanteuses,
voirs description dans la partie "Le CDM"). Cette matinée
fut pour nous une expérience formidable: pouvoir assister à
ces répétitions, pénétrer dans l'ambiance
de cette merveilleuse faculté. En effet, le campus de l'université
des beaux-arts est (comme beaucoup d'universités d'Asie), remplit
d'arbres centenaires ou plus et bon nombre de ses bâtiments sont
d'une architecture ancienne. Alors que, avant notre RDV avec Mr Khean,
nous flânions dans la faculté, tout en rêvant tranquillement
à ce superbe décor, nous longeons le département
de musique, nous passons d'un style musical à l'autre en l'espace
de quelques 200 mètres, puis, nous nous arrêtons enfin
pour admirer les danses du département chorégraphie. C'est
à ce moment que nous décidons de solliciter aussi la permission
du département chorégraphie d'assister à une ou
plusieurs répétitions.

Place du marché Russei (ancien marché toujours
en activité), Phnom Penh.

Orchestre Pinpeat
La
première vidéo à télécharger présente
un extrait du style Pinpeat, interprété par 7 musiciens.
Le morceau joué, très ancien, s'appelle "Tayo Reno".
Instruments: 1 Sampho, 1 Roneat Ek, 1 Roneat
Thung, 1 Kong Thom, 1 Kong Touch, 2 Sralay
Pour
voir un orchestre Pinpeat interpréter "Tayo Reno",
cliquez ici 

Orchestre Mohori
La
seconde vidéo à télécharger présente
un extrait du style Mohori, interprété par 10 musiciens.
Le morceau joué s'appelle "Kenka Ryo".
Instruments: 4 Ta-Kê, 3 Roneat (Eg ou
Thung), 1 Scow, 1 flûte Kloï, 1 Thlrow-Saw
Pour
voir un orchestre Mohori interpréter "Kenka Ryo", cliquez
ici 

Chorale Mohori
La
troisième vidéo à télécharger présente
un extrait de chants Mohori, interprété par une chorale
de 14 chanteurs et chanteuses. Le morceau joué s'appelle "Ney
Li Ti Chuah".
Pour
voir la chorale Mohori interpréter "Ney Li Ti Chuah",
cliquez ici 
Conseillés
par Mr. Khean, décidément très aimable et très
compétent, nous entrons en contact le jour même avec Mr
Our Sophon, professeur de danse folklorique au département chorégraphique.
C'est un ancien élève de la faculté, ayant débuté
la danse en 1980. Nous lui présentons notre requête et
celui-ci accepte alors de nous laisser filmer sa classe (2 ème
année de pratique de la danse folklorique) pour toute une matinée
et ce, dès le lendemain. Ainsi, nous assistons aux différents
exercices de chauffe préliminaires à la danse (40 minutes
environ), puis à la danse elle-même. Le surlendemain, nous
revenons à la faculté une troisième fois pour assister
à des répétitions de danse classique (tous niveaux)
et de danse folklorique (tous niveaux). L'accompagnement musical de
ces différentes danses peut être chanté (comme c'est
le cas de la classe de Mr. Our Sophon) ou encore joué par un
orchestre (pour la danse classique, l'orchestre Pinpeat et, pour la
danse folklorique, l'orchestre Mohori).

Groupe de danse folklorique de Mr. Our Sophon.
La
quatrième vidéo à télécharger présente
un extrait de danse folklorique, interprété par 6 danseuses
et 6 danseurs de la classe de Mr. Our Sophon (2ème année
de pratique). L'accompagnement chanté est effectué par
la seconde partie de la classe et la percussion (tambour Scow) est joué
par Mr. Our Sophon. Cette danse s'appelle "Robam Mei Ambaeuh".
Dans cette danse, les hommes, armés de bâtons, tentent
d'attraper puis de tuer tous les papillons (représentés
par les femmes). Bien que menacés, les papillons parviennent
à amadouer les hommes et, au final, tous se réconcilient.
Pour
voir un extrait de la danse folklorique "Robam Mei Ambaeuh",
cliquez ici 

Danse folklorique de la récolte du riz
La
cinquième vidéo à télécharger présente
un extrait de danse folklorique, consacrée au riz (c'est la "danse
du riz"). Dans la première partie de la danse, on assiste
à la récolte du riz, puis, dans la seconde, à une
grande fête marquant la fin de la récolte, où hommes
et femmes dansent joyeusement tous ensemble. Pour les danses folkloriques
mixtes, il y a normalement un nombre égal de filles et de garçons,
mais ici, on peut remarquer la présence de 8 filles pour 4 garçons.
En réalité, 2 filles jouent le rôle des garçons
dans la danse pour pallier au manque d' "effectif masculin disponible".
Instruments: 1 Scow et 1 Ta-Kê
Pour voir un extrait de la danse folklorique consacrée au riz,
cliquez ici 

Danse classique Pta Mih Pta Prak Dan
La sixième
vidéo à télécharger présente un extrait
de la danse classique appelée "Pta Mih Pta Prak Dan"
(la danse de la fleur d'or). Les 6 danseuses sont accompagnées
par un orchestre de Pinpeat jouant en alternance avec des choeurs. Cette
danse dure, au total, environ 10 minutes. Aussi, l'avons-nous coupée
pour que vous puissiez voir 2 moments différents de l'évolution
de la danse.
Instruments: 1 Sampho, 1 Roneat Ek, 1 Roneat Thong, 1 Kong Thom,
1 Kong Toït
Pour
voir un extrait de la danse classique "Pta Mih Pta Prak Dan",
cliquez ici 