ASIE DU SUD-EST

En dépit des vicissitudes de l'histoire contemporaine, cette région du monde continue à dévoiler une formidable inspiration dans la musique et le théatre (le théatre chanté, le théatre avec des marionnettes et le théatre avec des ombres chinoises). Dans le domaine musical, l'Asie du Sud-Est englobe de nombreux pays: depuis la Birmanie, à l'ouest, jusqu'aux Philippines à l'est, en passant par la Thaïlande, la Malaisie, le Cambodge, le Laos, le Viet Nam et l'Indonésie. Comparée l'une à l'autre, la musique de chacun de ces pays est assez différente. Parfois, dans des pays comme l'Indonésie, le style musical change même en fonction de la région du pays dans laquelle on se trouve. Toutes ses musiques partagent une esthétique commune, caractérisée par sa fluidité. Tout se passe comme si ses musiques glissaient telle une vague sur l'eau. Sans aucun doute, cette esthétique émane d'une préoccupation inconsciente de transposition de la nature, avec sa végétation très riche et ses pluies abondantes, dans le domaine de la culture.

Assurément, la présence de métal, qui a été exploité depuis l'Antiquité , a guidé les inventions de ces peuples (plus particulièrement la production du bronze) et les amena à une véritable évolution musicale au travers de la maîtrise de ce matériel. Beaucoup d'instruments sont nés: des gongs, de nombreux lamellophones (des xylophones en métal joués avec des marteaux), qui forment un groupe d'instruments appellé gangsa à Bali et saron à Java (île d'indonésie). L'extrème sophistication de ces objets sonores permet au musicien de reproduire des notes très variées sur une échelle musicale qui divise une octave (intervalle parfait de l'échelle diotonique: de do à do) en cinq ou sept parties égales. D'autre part, dans les zones qui n'ont pas pu produire de bronze par manque de capacités, on inventa une série de tambours à deux têtes (en Birmanie: pat waing) ou encore des xylophones en bois (en Thaïlande et au Cambodge).


Tous ces faits pourraient expliquer pourquoi l'Asie du Sud-Est a développé des orchestres très riches , favorisant l'alliance des timbres plutôt que les instruments pour solistes. Cette perception aiguë de la couleur instrumentale existe certainement depuis l'Antiquité. Cette période amena la musique de l'Asie du Sud-Est à maturité et l'encouragea par la contribution de multiples influences, et de ce fait, de nouveaux timbres. Dans tous les cas, la création d'un orchestre sous-entend des attentes fixes, ancrées dans la mentalité générale. Ces orchestres "types" ont déjà été crées il y a longtemps et sont actuellement présents dans la musique traditionnelle, ceux-ci n'ayant pas subi de grands changements. C'est le cas en Birmanie, avec le hsaing waing orchestra qui combine le hautbois, des cymbales et des gongs; en Thaïlande avec le pi phat orchestra qui mélange les gongs en forme de bulbes, le xylophone et des tambours; au Cambodge avec le pinhat and mohori orchestras....


De tous les instruments des bas-reliefs du Cambodge, il y en a un, conservé en Birmanie, qui lie l'Antiquité indienne et celle de l'Asie du Sud-Est et qui prouve que cette région a toujours été ouverte à de multiples influences "du dehors". C'est une harpe de coude Birmane appelée Saung-gauk: elle existait en Inde dans le passé mais a aujourd'hui disparu de ce pays. Cet instrument, symbolique de la Birmanie, fait partie intégrante de l'art musical de l'Asie du Sud-Est au même titre que tous les orchestre mentionnés ci-dessus.

Enfin, la musique traditionnelle de l'Asie du Sud-Est comprend la musique populaire, moins connue, et enfin, la musique des minorités, maintenant découverte. Cette musique populaire fait revivre les instruments solistes, spécialement dans la partie nord de l'Asie du Sud-Est. L'orgue à bouche, le Khen, l'instrument national du Laos, tourne le dos aux traditions apprises. Ici, l'attraction pour la musique soliste réapparait.